Why always me ? |
Malgré son palmarès déjà bien rempli à seulement 23 ans, il y a une seule statistique qui m’intéresse chez Mario. En 84 matchs de Série A, il a planté à 38 reprises et s’est pris 30 cartons jaunes et un carton rouge. Pour généraliser le propos, sur l’ensemble de sa carrière il en est à 92 buts pour 84 cartons (dont 7 rouges). Le constat est net, il cartonne avec une ténacité consternante. Pour comparer, Messi (364-40), Ronaldo (399-96), Ibra (327-98)... Evidemment, ces derniers ont joué plus de matchs que lui mais le propos demeure. Balo doit s’enhardir s’il veut vraiment être reconnu pour son génie et non sa folie au panthéon des plus grands. En même temps, que voulez-vous ? « With great talent comes great insanity »!
«Pourquoi tous les hommes exceptionnels du passé étaient-ils manifestement mélancoliques?» (Aristote) dira-t-on du premier attaquant noir de la Squadra Azurra.
Sur le terrain, sa folie se matérialise par ce nombre injustifié de cartons pour un buteur. Il ne peut pas continuer à louper des matchs à cause d’un nombre démentiel de cartons jaunes. Sensible et susceptible, cible préférée des pourfendeurs des valeurs humaines, coléreux et sanguin lorsqu’on le provoque, Super Mario joue deux matchs sur le pré. Un où son génie n’a besoin que de peu de ballons pour s’exprimer et un autre où sa folie elle, n’a besoin que d’une provoc’ pour s’extérioriser. Dans ces matchs, la côte N2 est souvent alléchante…
Comment utiliser Balotelli ? Comment l’encadrer ? Comment transformer cette fêlure en armure ? Ce nombre de cartons en pains (buts) ? Cette machine à biscote en machine à scorer ?
Ce qui cloche dans le Dôme de Milan
J’ai demandé des réponses auprès d’un fin connaisseur du football italien. Un fan héréditaire de l’Inter Milan qui a mis de côté sa haine viscérale des Rossoneri pour analyser le cas Balotelli.
La cathédrale de la Nativité-de-la-Sainte-Vierge |
En outre, l’effectif du Milan étant moyen, l’avant-centre milanais n’est pas toujours servi dans les meilleures conditions. Il est rarement trouvé dans sa zone préférentielle située aux abords de la surface, où il est bon d’enrouler sa frappe pour un droitier. L’apport de Kaka se ressent dans ses récentes performances, Balo est souvent cherché par le brésilien et lorsqu’il le trouve, ça fait mal. Sauf que ce n’est pas assez. Mario Balotelli ne peut pas se contenter de faire des moitiés de saisons. Il ne peut pas se comparer à Ibrahimovic et mettre que six buts en douze matches de championnat. Tandis que tous les grands buteurs ont déjà plus d’une dizaine de banderilles en poche. Que veux-tu Balo ?
Veut-il laisser une trace sur ce grand ballon rond bleuté ? Veut-il être mentionné dans les cours de récré en 2053 comme l’un des plus grands attaquants au monde n'ayant jamais prouvé sa réelle valeur, faute de rigueur ? Veut-il être adulé par un groupe de fans inconditionnels, qui le vénèrent depuis un soir de Ligue des Champions contre Rubin Kazan en 2009 ? Veut-il la gloire incontestée, celle dont jouissent les Légendes ? Ou veut-il juste faire son métier de footballeur, marquer sans jouissance comme une lettre à la poste, publier des « selfies » sur Twitter et s’amuser avec « Super » (son chien) sans plus l’être ?
On attendait Balotelli à l’Euro 2012, il a répondu présent avec hargne. On l’attendra en 2014 avec encore plus d’appréhension et moins d’indulgence. Mario n’est plus très jeune, il n’est plus l’homme qui ne ratait jamais de pénalty, il n’est plus le sauveur de la Nation, à l’aube de la prochaine échéance mondiale.Il faut qu'il remette les pendules à l'heure. Il est ce qu’il montre. Il vaut ce qu’il montre. Et pour l’instant, il n’a rien démontré.