Michel Bampély, chroniqueur pour le Nouvel Obs a écrit que
le Gangsta Rap parlait de « violence policière, de racisme et de drogue »,
j’ose penser que sa liste n’était pas exhaustive et qu’il est conscient que le
Gangsta Rap c’est surtout «des meurtres futiles, des gangs, un
milieu misogyne et homophobe » dans lequel les plus défavorisés vivaient
et donc décrivaient. (http://leplus.nouvelobs.com/contribution/959497-kaaris-premier-sur-itunes-pourquoi-il-ne-peut-malgre-tout-pas-detroner-booba.html)
Gangsta
Moderne ou Adrénaline music
"J'suis dans
le fond du club, thug, viens nous, viens nous faire un hug"
rappe Kaaris dans Ciroc un des sons de son album « Or Noir », 1er sur
Itunes. Kaaris c’est un flow saccadé décadent parfois hors tempo, une voix grave soutenue
à outrance, des paroles brutes qui s'affranchissent des carcans classiques de la langue française. Un tout inadéquat pour du soit disant
mal nommé "Gangsta Rap".
« La soirée ne
fait qu's'embraser, tu veux déjà me quitter
Enfoiré tu viens pas m'embrasser, tu veux déjà me niqu (Ciroc)
Enfoiré tu viens pas m'embrasser, tu veux déjà me niqu (Ciroc)
Lorsqu’on écoute du Gangsta Rap, "Colors" de Ice T ou "Real Muthaphuckking G’s" d'Eazy E, on ressent un mal être et une fierté, une souffrance, une violence
inextricable enracinée dans le quotidien du rappeur. C’est ainsi que je
décrirai le gangsta rap des années 80. De plus, les instrus de l’époque
installaient le trouble dans nos oreilles. Que le beat soit violent comme
Straight outta Compton (NWA) ou lent comme Today was a Good day (Ice Cube), le
style West Coast y était gravé.
Puis le Gangsta Rap a connu sa phase New Yorkaise puis
Sudiste bref tout le monde peut aller sur google pour trouver les origines du
Gangsta Rap. Tout cela pour dire qu’aujourd’hui on est dans une phase de
Gangsta Moderne ce que j’appelle de l’Adrénaline Music. Sur un beat Trap/dévrivé
Dirty Douth/ sauce Chopped and Screwed, les rappeurs nous offrent des métaphores
grotesques, hyperboles hypertrophiées, et des comparaisons surréalistes.
Au-delà de boire ces vers comme paroles d’évangile, on bouge sur le beat et
lorsque l’adrénaline nous prend, on rappe ces mots que seuls eux comprennent.
Un univers
sans Kaarisme
Paul Pogba ou encore Nicolas Anelka tous fans de la clé de bras de Kaaris. |
La recette que Kaaris est propre. Une instru trap donc, un
refrain répétitif et simple à chanter, des gimmicks innovants et des punchlines
coléreuses. La forme est reine dans le royaume du "Binks". Le fond apparait
quelque fois en featuring sur quelques morceaux. En effet, sur ses 18 titres Kaaris a privilégié
l’adrénaline. Des sons qui te donnent envie de faire de la musculation ou qui
te font croire que lors d’une castagne trois contre un, tu as peut-être ta
chance. Kaaris ressort en nous notre instinct primaire. Il y a clairement quelque chose de
bestial dans son monde. Le talent de Kaaris se situe là, cette capacité à te
faire devenir quelqu’un d’autre quand tu l’écoutes au premier ou au second
degré. En écoutant Kaaris, on entre dans un univers muni de codes parfois
difficile à cerner, des expressions ivoiro-sevranaises que seuls les initiés
peuvent déceler et surtout on engrange de la détermination.
Kaaris n’a pas le charisme de Youssoupha. Epitomé de la
street, on imagine mal Kaaris en feat avec Vitaa. C’est le mec « vrai »
par excellence en tout cas pour l’instant. Celui qui a la bouche salement
remplie de lyrics acérés, burlesques ou hardcores c’est selon. Pour comprendre
la personne derrière le personnage il faut écouter ses morceaux plus
personnels. « Paradis ou Enfer », « Plus rien » ou encore « Or
Noir » nous laissent une sensation différente. Le MC ivoirien se révèle
par à coup :
Moi j'n'ai jamais
écouté l'prof, moi, j'n'ai jamais fait mes devoirs
Mama, et si la police me coffre, c'est que t'as eu un bébé noir
Et j'ai juré d'être hardcore, jusqu'à ma mort. (Or Noir)
Mama, et si la police me coffre, c'est que t'as eu un bébé noir
Et j'ai juré d'être hardcore, jusqu'à ma mort. (Or Noir)
En mode "je
m’en bas les c*****"
Kaaris c’est aussi ça. Le "je m’en foutisme absolu". Sur des
sujets politiques ou sociaux, il ne se dit pas décrire un paysage social donné.
Il évoque juste ce que les gens qu’il côtoie vivent ici ou ailleurs. Ne comptez
pas sur lui pour représenter une cause ou pour vous expliquer quelque chose « Je n’aime pas les gens qui rappent et
qui m’expliquent des trucs, je préfère le lire ou regarder BFM». Capable d’écrire un texte sérieux, il n’hésite
pourtant pas d’insérer quelques verbes acerbes pour pimenter le tout. « Quand
je pars sur un truc conscient comme sur Paradis ou enfer ou bien Or noir, je
peux m’amuser, c’est facile parce qu’il y a la métaphore, la figure de style… »
(Paradis ou Enfer)
Il évoque dans "Paradis ou Enfer" la guerre et la situation de son pays natal (Côte d’Ivoire). Le message de Kaaris n’est pas l’apologie de la violence
mais plutôt les méandres ou conséquences de celle-ci. Le fameux
cercle vicieux de la paupérisation sociale. Son message est agressif dans la forme et au fond il est
conforme aux maux d’une jeunesse qui n’a jamais goûté aux mots doux. Hardcore, cauteleux,
sanguin, il se veut produit de son milieu. « Malhonnête mais
pieux », il décrit ses tribulations, ses erreurs, ses sacrifices, le
paradoxe de vivre dans la foi en tant que pêcheur. Non, Kaaris n’exhorte pas
vos enfants à mettre leur gros doigt de pied dans le vagin de leur copine. Au
contraire, il nous donne une image primaire de l’homme donc de ce qu'il ne faut pas faire selon la bienséance. Une image je dis bien
une image...
Ton cadavre derrière quelques plots
Le sang est plus épais que l'eau
Armés comme à l'époque du Clos
Les singes viennent de sortir du zoo
(Zoo)Le sang est plus épais que l'eau
Armés comme à l'époque du Clos
Les singes viennent de sortir du zoo
Cet album de Kaaris est une réussite dans le genre
Adrénaline Music. On y trouve aussi des balades Hardcore et quelques sons
consciencieux. Protégé de Booba ou pas, le rappeur certifié Or Noir est l’une
des surprises du paysage urbain de cette année. De Kalash à ZOO, en faisant
« Clic clic » à tout bout de champs, Kaaris a les mots pour électro-choquer
une jeunesse en manque d’énergie.
Oooooooooorrrrhhhhh !
Sources:
Oooooooooorrrrhhhhh !
Sources:
Interview RapeMag : http://ragemag.fr/kaaris-les-politiques-cest-cailleras-en-costards-47652/
Nouvel Obs "Kaaris, premier sur iTunes : pourquoi il ne peut malgré tout pas détrôner Booba"
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