jeudi 30 janvier 2014

Arda Turan, le calife des Spartiates

Jeune Arda à Galatasaray en 2006
Arda Turan est un homme de foot. L’un des plus grands numéros dix qu'Istanbul ait connu depuis Gheorghe Hagi, murmure-t-on  dans la partie européenne du Bosphore. Son mentor, le dénommé «Maradona des Carpates» l’a propulsé dans le grand bain turc à seulement dix-huit ans. Aujourd’hui, il nage avec les Vidal et les Yaya dans une eau réservée aux sieurs du milieu.  

Après cinq saisons à Galatasaray et trente buts inscrits, Arda faisait ses adieux à la Süper Lig. Celle qui l’a vu débuter sous les ordres d’une légende vivante, se bonifier quelques saisons plus tard  et devenir l’une des attractions de Fatih (sa ville natale), tout celà grâce à Fatih (Terim). L’actuel coach de la sélection turque l’a enrôlé dès son jeune âge au centre de formation du Gala. Surdoué, le jeune milieu de terrain était à l’aise partout, sur toutes les parties du terrain (latéral et ailier) il faisait le job. Il parait que sa polyvalence était telle qu’il ne savait jamais à quel poste il évoluerait avant chaque match. Prêté à Mariaspor en 2005, le jeune espoir turc revient titulaire dans l’effectif d’Eric Gerets. Entre 2005 et 2011, la Türk Telekom Arena  accueillera dix entraineurs différents, la seule constance du club fut les prestations de haute volée d'Arda. Il réalisa, dare-dare, sa meilleure saison sous les couleurs jaune et rouge en 2008, l’année du triplé (Coupes et Championnat) pour les siens et la naissance d’un leader en équipe nationale avec un illustre parcours lors de l’Euro 2008 (éliminé en ½ finale par l’Allemagne). L’année suivante déjà courtisé par l’Europe entière, le capitaine du Cimbom, glabre avec une touffe frisée, préfère rester dans les cœurs des supporters les plus volcaniques d’Europe. Blessé lors de sa dernière saison en Turquie (2011), le métronome stambouliote s’envole pour Madrid afin de franchir un cap dans une arène compatible à son esthétisme. 

Artiste et Artisan 

Lors de sa première saison dans la capitale espagnole, le milieu turc était dans la continuité de ce qu’il faisait dans sa ville natale. Il distillait des galettes aux attaquants, des coups aux adversaires et plantait quelques banderilles dans son jardin. Une première saison réussie avec 6 pions et 12 passes décisives à la clé. Adopté par Vicente Calderon, il va remporter l’Europa League et la Super  Coupe. Ce n’est plus un cap qu’il franchit mais une baie.

Technique et hargneux, l’international d'Ay-Yıldızlılar (Les étoiles au croissant) est une fusion des école s Fatih et Hagi c’est-à-dire un mariage de combativité et de finesse. Sans la balle, il a le profil d’un artisan; méconnaissable lorsqu’il fonce dans son vis-à-vis comme un pitbull d’un mètre soixante-seize. Balle aux pieds, appelez-le Monsieur. Il la contrôle avec délicatesse, des petits touchers, des coups de brosse, des caresses; comment voulez-vous qu'elle ne lui colle pas aux pattes ? Sous le décor verdoyant les autres courent pendant que l'artiste s’amuse. Lorsque le ballon quitte ses pieds - pour rejoindre un coéquipier - ce n’est jamais sans son aval. Dans la distribution celui qu'on surnomme "El Torero" est un Xavi c’est-à-dire qu'il maîtrise l’art du dosage dans la transmission. Le genre de personne à faire du riz dans une marmite sans gobelet doseur. Ce féru de voitures fait rouler le ballon toujours dans le bon tempo. Dépourvu de fioritures, il est du genre dribble utile. Fort sur ses jambes, avec un centre de gravité très bas, il élimine proprement avec ses feintes de corps et seulement si nécessaire des gri-gris circassiens. L’année dernière, « El Torero » a confirmé sa magnifique première saison. Prestations XXL face aux gros de la Liga, il décrocha la Copa del Rey après une victoire face au Real Madrid (2-1 ap.) et une place qualificative pour la Ligue des Champions.  
AHOU! AHOU! AHOU!

2013/2014 est la saison du calife des Spartiates. Il arbore désormais une coupe rasée - victoire de la Coupe d’Espagne oblige - et une pilosité faciale très apparente. Au-delà de cette frappante ressemblance capillaire, le meneur de jeu turc a tout d’un spartiate. La démarche avec le buste en avant, les déclarations : «Je vais donner mon sang et ma sueur pour l’équipe» lors de son arrivée à Vicente Calderon en 2011 ou encore les anecdotes «Arda  a travaillé à l'écart du groupe suite à son accident de voiture survenu vendredi dernier. Sa voiture fut broyée mais le joueur sorti sain et sauf du choc (2009)». « El Torero » est spartiate de par son sang-froid et ses prestations lors des grands matchs, ses abdominaux présumés saillants et surtout cette barbe parfaitement taillée que lui envierait son ancêtre Barberousse.

Doğum Günün kutlu olsun  !

Un diamant poli par "Cholo" Simeone, le numéro dix des Colchoneros respire la discipline tactique qu'insuffle son entraineur. Il a un collectif qui fonctionne autour de lui. Son jeu soyeux simplifie le mouvement de ses partenaires. Il cherche toujours le changement d’aile pour aérer le jeu, la passe dans l’intervalle pour dynamiser les attaques ou encore temporiser et redoubler les passes pour contrôler la cadence. C’est le poumon du système offensif du coach argentin. Légèrement décalé sur la gauche, il joue en numéro dix « Ronaldinhesque » c'est-à-dire qu'il dézone souvent pour occuper l'axe. Nonobstant son apport au front de l’attaque, il est aussi présent lors des tâches défensives. Il opère un pressing monstre grâce à un abattage conséquent. En gros, en un seul joueur vous avez à la fois un dix et un six.

Actuellement premier ex-aequo de la Liga, les Rojiblancos peuvent rêver du sacre suprême après dix-huit ans d’attente. Ils font jeu égal avec les deux Béhémoths du football espagnol. Il y a chez Diego Simeone (entraineur comme joueur) un dosage de règle et de folie. C’est en cela que son fils spirituel ne peut qu’être Arda Turan. Bien que l’accent soit mis sur le i de rigueur surtout lorsqu’ils affrontent les grosses écuries, la formation d’El Cholo sait jouer au ballon. D’ailleurs, les madrilènes peuvent se targuer d’être la troisième meilleure attaque du championnat avec 52 buts marqués. A 27 ans aujourd’hui, Turan pratique son meilleur football, ce qui lui vaut une place dans le Top 3 des meilleurs milieux de terrain au monde !

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