Quand Nasir Jones a sorti "Hip Hop is Dead" en
2006, beaucoup ont compris cette phrase littéralement. Que nenni. Il s'agissait
d'un cri d'alarme que poussait le King du Rap New Yorkais.
"Hip-Hop been
dead, we the reason it died/ Wasn't Sylvia's fault or because MC's skills are
lost/ it's because we can't see ourselves as the boss/ deep-rooted through
slavery, self-hatred, the Jewish stick together, friends in high places"
Nas dans Carry on Tradition.
Hip Hop is Dead est une nouvelle ère, une nouvelle manière
d'aborder la culture Hip Hop. La culture Hip Hop originelle - dont est nostalgique Nas - est
effectivement en voie de disparition. Celle qui a vu naitre le Rap, les Tagueurs,
les DJ, le beat box, et les breaks danseurs… Celle où tu devais te faire un nom
dans ton quartier avant d'espérer remplir une petite scène new yorkaise, celle où les
"beefs*"
entre rappeurs étaient une manière d'asseoir sa domination dans le milieu,
celle où le ghetto faisait des stars légitimes, celle où ton pédigrée de bandit
te donnait pignon sur rue.
Une culture consubstantiellement liée à ses codes et
principes. Des graffitis aux styles vestimentaires tout s'imbriquait. La mort
du Hip Hop pour Nas ce fut la fin de l'hégémonie des grosses chaines bling
bling, baggie jeans, casquette/durag, white T-shirt ou Throwback, basket au
pied à tout moment... "From gold cables to Jacobs" cette
punchline tirée de son single Hip Hop is Dead résume parfaitement la mutation
qu'a subi le game. De nos jours, l'éclectisme est la norme.
Forum Shopping du Hip Hop
Hip Hop is Dead (HHID) marque le renouveau de la culture Hip
Hop allant de pair avec l'avènement d'internet. HHID peut être définit comme
l'enterrement des principes traditionnels, la démocratisation voire la
personnalisation de la culture urbaine. Le Hip Hop s'est popularisé et dilué
dans le sens où il n'y a plus le respect des codes vestimentaires d'antan. De skinny
jeans, en passant par la haute couture, sans oublier les jupes et autres*… tout
cela fait désormais parti de la garde robe d'un rappeur. La rue n'est plus
maitresse de ses élèves puisque ces derniers la tronquent pour faire le buzz.
Internet a changé, développé le paysage musical c'est une évidence. Les rappeurs
indépendants, amateurs ou professionnels ont une plateforme pour s'exprimer, se
construire une image et même une base de fans. Des sites comme Worldstarhiphop
aux USA ou Hallstreet en France pour en citer qu'eux, permettent aux artistes de
se faire un nom. Il y a dorénavant de la quantité et cela parfois au détriment
de la qualité. L'évolution en ce sens permet à tout un chacun de trouver son
artiste son style et même son délire, un genre de Forum Shopping du Hip Hop. Pour le meilleur et le pire.
Dans un autre temps, l'effondrement de l'industrie du
disque, la commercialisation accrue de la musique en général laisse un arrière
goût amer à ceux qui recherchent la substance pure. Les gros labels sont
subordonnés aux besoins éphémères d'une génération 5G qui consomme à coup de
Like. Ces béhémoths de la Zik doivent se soumettre ou se démettre. A moins de
faire de la résistance comme ce petit label américain de D.C (à
lire en bas pour les bilingues*). Ce que Nas décriait en 2006, c'était
le manque d'ambition de ses pairs qui n'ont pas su prendre leur propre culture
en main. Pas seulement à travers les labels mais plutôt à travers les relais de
musique (les chaines de télévision ou radio). Le rappeur de Queens toujours lui
s'est même expliqué 6 ans après sur l'album "Kiss The Ring" de DJ
Khaled en feat avec la légende DJ Premier et un des pères du Rap, Scarface dans
un son intitulé "Hip Hop". Ci-dessous vous trouverez une vidéo de
l'enregistrement studio du son, puis courrez l'écouter car c'est plus qu'un
classique… Il nous fait un résumé concis de l'évolution du rap en un couplet. S'il vous plait ! Sans oublier, l'amertume de Scarface dans le premier seize.
Magnifique.
"It's inevitable that the president in another five years
will be a hip-hopper"
HHID
signifie aussi que le rap des
années 90 est rare. Les "puristes" qui ne retrouvent pas des artistes
qui arrivent à leur parler pensent que le Hip Hop est mort. "Non, le Hip Hop est beau et en vie, il
faut juste chercher les artistes qui nous parlent" confiait Talib
Kweli figure mythique du rap sac à dos*. De la street aux clics, du XXL au XS, de Karl
Kani à Versace, dire que le Hip Hop s'est métamorphosé est un euphémisme. Il
n'est pas mort, il est devenu variable et varié, inépuisable et versatile. Il a
toujours été divers, bizarre, drôle et même mauvais. Le Hip Hop s'est adapté et
a accueilli un nouveau public. Un public qui ne sait peut-être pas qui étaient
Eric B et Rakim ou MC Solaar mais qui trouve chaussure à son pied dans le paysage actuel et promeut cet art. Dorénavant,
les rappeurs du XXIème siècle ne veulent plus être catalogués comme simple
"rappeurs", ils veulent jouir pleinement de leur statut d'artiste* d'où la problématique de l'état de la culture.
La culture Hip Hop n'appartient plus à une communauté
donnée. Mais une communauté donnée - en occurrence celle qui l'a vu naitre -
doit transmettre l'âme de cette culture aux générations futures. Comment
peut-on penser que le Hip Hop puisse mourir, lorsqu'on voit qu'il existe une
chaire de recherche à Harvard l'une des plus prestigieuse université au monde,
une bourse pour les talentueux rappeurs en herbe grâce en autre à la fondation
The HipHop Archive*. Comment peut-on penser que le Hip Hop puisse mourir lorsqu'on assiste à la création d'une nouvelle chaine dédiée à la musique et
spécialement au Hip Hop. REVOLT TV* est ce que Nas réclamait depuis longtemps, un relais direct pour faire grandir et prospérer la culture Hip Hop voire la
musique en générale. Une chaine de musique qui ne joue que de LA musique ! Un
pari titanesque pour son créateur P.Diddy Sean Puffy Combs aka Diddy, un des
pionniers du Hip hop...
Hip Hop is Alive and Well
If it died, you other crews wouldn't survive the smell (Joe Budden)
A suivre les meilleurs albums hip hop de l'année 2013
Beef*
: duel verbal entre deux MC qui parfois dérapait assez facilement.
Plus
d'infos : http://rap.about.com/od/toppicks/tp/10BestHipHopBattles.htm
Comment les rappeurs s'habillent-ils aujourd'hui ? :
http://elitedaily.com/music/music-news/hip-hop-fashion-dressed/
Hiphop
- DJ Khaled feat DJ Premier, Nas feat Scarface : http://www.youtube.com/watch?v=8ulqv77lOag
Rap
sac à dos* : un rappeur à l'écart du rap commercial. Un rappeur
underground poétique qui relate les faits de vie de son quartier.
Plus
d'infos très bon article sur les Backpackers modernes : http://www.sfgate.com/entertainment/article/Backpack-rappers-embrace-varied-identities-3201530.php#page-2
Leur statut d'artiste*: Référence à la récente
interview de Kanye West sur BBC Radio 1 qui disait "Im not a real Rapper,
I'm an artist". http://www.youtube.com/watch?v=K2T0fMkZoMo
The
HipHop Archive : http://www.hiphoparchive.org/
Bourse
aux rappeurs : http://www.lefigaro.fr/musique/2013/07/17/03006-20130717ARTFIG00346-harvard-octroie-une-bourse-du-hip-hop.php
"Our
day is coming. It's inevitable that the president in another five years will be
a hip-hopper"* : KRS ONE en 2003 avait vu juste. Le président américain
originaire de Chicago est un gros fan de rap.
L'histoire
d'un label local à Washington DC :
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