jeudi 30 janvier 2014

Arda Turan, le calife des Spartiates

Jeune Arda à Galatasaray en 2006
Arda Turan est un homme de foot. L’un des plus grands numéros dix qu'Istanbul ait connu depuis Gheorghe Hagi, murmure-t-on  dans la partie européenne du Bosphore. Son mentor, le dénommé «Maradona des Carpates» l’a propulsé dans le grand bain turc à seulement dix-huit ans. Aujourd’hui, il nage avec les Vidal et les Yaya dans une eau réservée aux sieurs du milieu.  

Après cinq saisons à Galatasaray et trente buts inscrits, Arda faisait ses adieux à la Süper Lig. Celle qui l’a vu débuter sous les ordres d’une légende vivante, se bonifier quelques saisons plus tard  et devenir l’une des attractions de Fatih (sa ville natale), tout celà grâce à Fatih (Terim). L’actuel coach de la sélection turque l’a enrôlé dès son jeune âge au centre de formation du Gala. Surdoué, le jeune milieu de terrain était à l’aise partout, sur toutes les parties du terrain (latéral et ailier) il faisait le job. Il parait que sa polyvalence était telle qu’il ne savait jamais à quel poste il évoluerait avant chaque match. Prêté à Mariaspor en 2005, le jeune espoir turc revient titulaire dans l’effectif d’Eric Gerets. Entre 2005 et 2011, la Türk Telekom Arena  accueillera dix entraineurs différents, la seule constance du club fut les prestations de haute volée d'Arda. Il réalisa, dare-dare, sa meilleure saison sous les couleurs jaune et rouge en 2008, l’année du triplé (Coupes et Championnat) pour les siens et la naissance d’un leader en équipe nationale avec un illustre parcours lors de l’Euro 2008 (éliminé en ½ finale par l’Allemagne). L’année suivante déjà courtisé par l’Europe entière, le capitaine du Cimbom, glabre avec une touffe frisée, préfère rester dans les cœurs des supporters les plus volcaniques d’Europe. Blessé lors de sa dernière saison en Turquie (2011), le métronome stambouliote s’envole pour Madrid afin de franchir un cap dans une arène compatible à son esthétisme. 

Artiste et Artisan 

Lors de sa première saison dans la capitale espagnole, le milieu turc était dans la continuité de ce qu’il faisait dans sa ville natale. Il distillait des galettes aux attaquants, des coups aux adversaires et plantait quelques banderilles dans son jardin. Une première saison réussie avec 6 pions et 12 passes décisives à la clé. Adopté par Vicente Calderon, il va remporter l’Europa League et la Super  Coupe. Ce n’est plus un cap qu’il franchit mais une baie.

Technique et hargneux, l’international d'Ay-Yıldızlılar (Les étoiles au croissant) est une fusion des école s Fatih et Hagi c’est-à-dire un mariage de combativité et de finesse. Sans la balle, il a le profil d’un artisan; méconnaissable lorsqu’il fonce dans son vis-à-vis comme un pitbull d’un mètre soixante-seize. Balle aux pieds, appelez-le Monsieur. Il la contrôle avec délicatesse, des petits touchers, des coups de brosse, des caresses; comment voulez-vous qu'elle ne lui colle pas aux pattes ? Sous le décor verdoyant les autres courent pendant que l'artiste s’amuse. Lorsque le ballon quitte ses pieds - pour rejoindre un coéquipier - ce n’est jamais sans son aval. Dans la distribution celui qu'on surnomme "El Torero" est un Xavi c’est-à-dire qu'il maîtrise l’art du dosage dans la transmission. Le genre de personne à faire du riz dans une marmite sans gobelet doseur. Ce féru de voitures fait rouler le ballon toujours dans le bon tempo. Dépourvu de fioritures, il est du genre dribble utile. Fort sur ses jambes, avec un centre de gravité très bas, il élimine proprement avec ses feintes de corps et seulement si nécessaire des gri-gris circassiens. L’année dernière, « El Torero » a confirmé sa magnifique première saison. Prestations XXL face aux gros de la Liga, il décrocha la Copa del Rey après une victoire face au Real Madrid (2-1 ap.) et une place qualificative pour la Ligue des Champions.  
AHOU! AHOU! AHOU!

2013/2014 est la saison du calife des Spartiates. Il arbore désormais une coupe rasée - victoire de la Coupe d’Espagne oblige - et une pilosité faciale très apparente. Au-delà de cette frappante ressemblance capillaire, le meneur de jeu turc a tout d’un spartiate. La démarche avec le buste en avant, les déclarations : «Je vais donner mon sang et ma sueur pour l’équipe» lors de son arrivée à Vicente Calderon en 2011 ou encore les anecdotes «Arda  a travaillé à l'écart du groupe suite à son accident de voiture survenu vendredi dernier. Sa voiture fut broyée mais le joueur sorti sain et sauf du choc (2009)». « El Torero » est spartiate de par son sang-froid et ses prestations lors des grands matchs, ses abdominaux présumés saillants et surtout cette barbe parfaitement taillée que lui envierait son ancêtre Barberousse.

Doğum Günün kutlu olsun  !

Un diamant poli par "Cholo" Simeone, le numéro dix des Colchoneros respire la discipline tactique qu'insuffle son entraineur. Il a un collectif qui fonctionne autour de lui. Son jeu soyeux simplifie le mouvement de ses partenaires. Il cherche toujours le changement d’aile pour aérer le jeu, la passe dans l’intervalle pour dynamiser les attaques ou encore temporiser et redoubler les passes pour contrôler la cadence. C’est le poumon du système offensif du coach argentin. Légèrement décalé sur la gauche, il joue en numéro dix « Ronaldinhesque » c'est-à-dire qu'il dézone souvent pour occuper l'axe. Nonobstant son apport au front de l’attaque, il est aussi présent lors des tâches défensives. Il opère un pressing monstre grâce à un abattage conséquent. En gros, en un seul joueur vous avez à la fois un dix et un six.

Actuellement premier ex-aequo de la Liga, les Rojiblancos peuvent rêver du sacre suprême après dix-huit ans d’attente. Ils font jeu égal avec les deux Béhémoths du football espagnol. Il y a chez Diego Simeone (entraineur comme joueur) un dosage de règle et de folie. C’est en cela que son fils spirituel ne peut qu’être Arda Turan. Bien que l’accent soit mis sur le i de rigueur surtout lorsqu’ils affrontent les grosses écuries, la formation d’El Cholo sait jouer au ballon. D’ailleurs, les madrilènes peuvent se targuer d’être la troisième meilleure attaque du championnat avec 52 buts marqués. A 27 ans aujourd’hui, Turan pratique son meilleur football, ce qui lui vaut une place dans le Top 3 des meilleurs milieux de terrain au monde !

mercredi 29 janvier 2014

God bless le Super Bowl !

Ecrit par ACG

Dimanche 2 février, New York s’apprête à accueillir le Super Bowl. Les Seattle Seahawks et les Denver Broncos s’affronteront au Metlife stadium pour marquer l’histoire de la NFL. Même si le football américain n’est pas très répandu en France, le Super Bowl attirera, comme chaque année, de nombreux curieux.  

Ce week-end préparez-vous à faire une nuit blanche, le Super Bowl débarque. Le football américain s’apprête à entrer dans votre vie le temps d’une soirée, ou plutôt d’une nuit. Le Super Bowl, c’est l’un des événements le plus regardé au Monde. Les passionnés de NFL (National Football League) ou les simples curieux auront donc les yeux rivés sur le Metlife stadium dans le New Jersey (ouais c’est quand même plus classe de dire que ça se passe à New York). Les Seattle Seahawks et les Denver Broncos vont s’affronter pour tenter de décrocher le titre de champion de NFL. Les deux franchises sont les meilleures de la saison puisqu’elles ont terminé premières de leurs conférences respectives à l’issue de la saison régulière. Les Broncos n’avaient plus participé au Super Bowl depuis leur victoire en 1999. Peter Manning et ses coéquipiers vont essayer de remporter une troisième bague de champion à Denver. Après leur défaite lors du Super Bowl en 2005 face au Pittsburgh Steelers (21-10), les Seahawks ont en tête la victoire, sinon rien. Une chose est certaine, les deux équipes veulent succéder aux Baltimore Ravens.  


Grâce un énorme soutien du public du CenturyLink Field, les Seahawks ont réussi à se qualifier pour le Super Bowl. Durant les play-offs, Seattle a disputé tous ses matchs à domicile. Un sacré avantage pour la franchise de l’Etat de Washington, puisque les supporters des Seahawks sont réputés pour être bruyants et chauds bouillants. Dans une ambiance de feu et face à une très bonne équipe aussi bien offensivement que défensivement, les Saints de la Nouvelle Orléans et les San Francisco 49ers n’ont donc pas fait le poids. En finale de conférences, Seattle est venu à bout de San Francisco en toute fin de rencontre (23-17). 
Les Denver Broncos ont également joué leurs deux rencontres des play-offs à domicile. La franchise a maîtrisé ses deux matchs de la même manière. Les Broncos se sont facilement défaits des San Diego Chargers (24-17). En finale de conférence, Denver s’est imposé face au New England Patriots (23-17). Dans ce duel de quaterbacks, Peter Manning l’a emporté face à Tom Brady. Manning a prouvé qu’il est présent lors des grands rendez-vous. Dimanche à New York, la star des Broncos voudra montrer qu’il est le meilleur quaterback de la NFL. 

Bon c’est sûr les règles du football américain sont difficiles à comprendre. Si au bout de 5 minutes de match vous vous sentez perdu ou vous trouvez ce sport ennuyeux, restez éveillez au moins jusqu’à la mi-temps, il y a Bruno Mars qui va faire le show avec les Red Hot Chili Peppers. Si vous n’aimez pas ces artistes, il y aura des bandes annonces inédites des prochains méga-blockbusters hollywoodiens (Robocop, Spider-Man 2, Transformers 4 etc...)  Sinon, éteignez votre télévision. Le Super Bowl est unique, comme les Américains ! 
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lundi 20 janvier 2014

Noah, universellement drôle !


Trevor Noah est un talent pur. Un des génies du stand-up sud-africain et africain en général. Un père suisse allemand. Une grand-mère cajoleuse. Un humour malin, intelligent et fédérateur qu’il détient grâce à sa mère, noire et zulu. L'influence afro-américaine. 


Trevor est né en plein apartheid en 1984. Il s'est construit grâce à sa mixité familiale, qui lui octroya une vision tolérante du monde qui l’entourait. Une fois adoré dans son pays, après une série télé (Isidingo) et une émission de radio (Noah’s Ark), il présentera successivement un programme d’éducation, de gossip et de sport. En 2007, il arrête tout et se concentre amplement sur sa carrière de comique. Il côtoie la scène locale et à la chance d’ouvrir pour des stars internationales comme le canadien Russell Peters lors de sa tournée sud-africaine. Il bûchera longtemps. Remplir n’importe quelle salle était son objectif, être sur toutes les scènes dont le Blacks Only Comedy Show, Heavyweight Comedy Jam, le Cape Town Tour, le Jozi Comedy Festival, et Bafunny Bafunny. Enfin reconnu comme un talent émergent, le présentateur des South African Music Award 2010, voyait ses deux spectacles (The Daywalker et Crazy Normal) sortis en DVD, connaitre une certaine popularité. Fort de ce succès, il s'exporta aux Etats-Unis (Hollywood) puis à Londres (BBC4). Cosmopolite est un euphémisme pour décrire celui qui s'inscrit dans l'histoire comme le premier comique sud-africain au Tonight Show présenté par Jimmy Fallon.

Noah est une perle rare, le comique africain le plus universel. Ses qualités ? Une précision suissesse dans l’accouchement de ses vannes, une description vivante et visuelle de ses péripéties impensables et une ambiance chaleureusement palpable. Il incarne à lui-seul le mythe du « melting-pot ». Entre les coliques et orgasmes de rires, Trevor réfléchit avec les siens sur le sort de la Nation de Mandela d’à peine une vingtaine d'année. D'une « voix confidentielle » et d'un ton sérieux, il exhorte les jeunes noirs de sa génération et les sud-africains en général, à aller de l’avant, se souvenir de l'apartheid - qui fut le combat de leur parent - tout en cherchant leur propre combat à mener. Expliquant d'ailleurs le rôle du B.E.E (Le Black Economic Empowerment) qui a pour objet de réparer les inégalités subséquentes à l’apartheid. L'analogie qu'il affectionne beaucoup est de dire que le B.E.E est aux Noirs ce que les lames de carbone sont à Oscar Pistorius, pas un avantage mais une manière d'être au même niveau que les blancs. (It's My Culture)



Il décrit minutieusement les stéréotypes fidèles à chaque population, chaque race (colorée, blanche et indienne) de son pays. Le racisme est la trame de ses spectacles. Avec une finesse divine, il se positionne comme l'arbitre des rendez-vous racistes. Chirurgical dans son observation, lorsqu'il explique que la colère n'excuse point une insulte raciale et que la stupidité ou la cupidité d'une personne d’une couleur donnée ne condamne pas une race entière. Une sensibilité qui transpire un humanisme fédérateur. (That's Racist)

Il a un style qui le rend unique, un stylo fait de nuance. Il est nuance. Il opère adroitement dans cet interstice étroit où l’humour défie l’ignorance. Il prend le temps de connaître son sujet avant de l’émietter en ridicule, le démolir pour mieux en rire. Tout est gris sous le paradigme Noah et tous les clichés trouvent à qui parler. Mi-street, mi-classe il se décrit comme tel car il a vécu dans les Township de Soweto et depuis peu dans les quartiers riches de Jo 'Burg. 

Autour de son fil conducteur arc-en-ciel, il tricote du politiquement incorrect. Il a un faible pour la politique sud-africaine, un puits sans fin de vannes. Il s’attaque au président, à ses ministres, à la politique du gouvernement avec un regard biaisé. Tout n’est pas rose mais tout n’est pas noir. Prônant la critique constructive, il n’hésite pas à clamer les bienfaits du Mondial 2010 ne serait-ce que au niveau de l'infrastructure. En outre, il brode des souvenirs de son enfance qui parlerait à n’importe quelle personne ayant grandit en Afrique. Bien que, certains thèmes et termes (en zulu) sont réservés aux initiés, pendant ces minces hiatus d’incompréhension, on admire l’étendue de son héritage, de son patrimoine.
 
Noah captive et maîtrise ses chutes. Pendant cinq minutes, il ne respire plus. Il tient son sujet et son public en otage. Un débit emprunté, une vanne filée à son paroxysme pour clôturer le show avec panache. Une combinaison de blagues toujours plus drôles que les précédentes, dans ces moments où le texte du professionnel se marie à l'improvisation de l'artiste, son génie est manifeste. A la fin du spectacle, une fois relâché, le public hilare souffre gaiement du syndrome de Stockholm. De Durban (KwaZulu-Natal) à Johannesburg, des Etats-Unis à la Grande-Bretagne, Trevor Noah confirme mon constat. Il est universellement drôle ! 

Trevor Noah - Melbourne Comedy Festival

A voir impérativement : 
It’s my culture (2013) 
That’s racist (2012) 
Crazy Normal (2011)
The Daywalker (2009)



samedi 18 janvier 2014

Eden Hazard, la mue !

Faut qu'il apprenne à célébrer ses buts, non ?
Le « Mou » n’aime pas laisser de la place aux aléas du football. Par aléas, il faut comprendre toutes les fois où le destin d’un match n’était pas entre les pieds de ses joueurs mais entre les mains des adversaires et surtout de l’arbitre. José n’aime pas miser sur la chance. Même si, celle-ci l’a souvent aidé dans sa riche carrière, il ne se souvient que des mauvais moments qu’elle lui a fait subir. Médisant, il la blâme, la critique, l’outrage en gardant en tête qu’elle est essentielle pour la gagne. Malchanceux pendant trois années et après 17 rencontres face au FC Barcelone, le Special One croit de nouveau au hasard. Le numéro 17. Le « brésilien » de Chelsea. Eden.         
  
Il y a des joueurs qui vivent pour le collectif, qui vivent pour la passe. Le profil peut être fantasque ou sobre, Ronaldinho ou Xavi, mais l’obsession est la même. Transversale, passe en retrait, passe avant le caviar, passe avant le champagne, sont les péchés mignons des gourmets de la passe. Cependant, la plate réalité du terrain vert nous montre que seuls les buts nourrissent, seuls les buts comptent. Les pions sont Rois dans le royaume des statistiques. Certains buts ont beau passé par une passe décisive – parfois même plus belle que le but lui-même – pourtant les égoïstes surpasseront toujours les magnanimes. Ce football manichéen loue l’individu et réalise des efforts surnaturels pour mentionner le collectif. Evidence, il faut marquer pour gagner. Ainsi, au front de l’attaque, les pourvoyeurs de bons ballons se doivent dorénavant de faire trembler les filets. 

Celui qui fut un temps La Voix du Nord, est enfin en train de muer. L’ancien Dogue confessait à ses débuts qu’il préférait plutôt « assister » que marquer. Nonobstant une véritable aisance à se procurer des occasions, le génie belge n’a atteint la barre des vingt buts qu’une fois, lors de sa cinquième et dernière saison à Lille. Depuis, il a le torse bombé, bleuté et buteur, Hazard y a pris goût. Un but chaque deux matchs à la mi- saison, appelez-le « l’ailier moderne ». En effet, les ailiers modernes ne sont pas que des ailiers. Le jeu des joueurs de couloir ne se limitent plus à arpenter méthodiquement leur flanc et centrer pour le numéro neuf. Désormais, ces derniers sont souvent utiliser à contrepied. Pour illustrer plus simplement, on est passé de Marc Overmars à Arjen Robben. Et chaque coach évoluant avec une pointe, veut son Robben. C’est le cas des Blues. Hazard sous Mou devient de plus en plus tueur. Le technicien portugais voit en lui un joueur capable de planter une trentaine de banderilles par saison. Un profil similaire à celui de Franck Ribéry qui sous les ordres de Guardiola subit la même mutation. Exit le gêne de l’allocentrisme et vive la finition.  

Le Natif de La Louvière a du Tron dans ses courses de balles. C’est un « Light Cycle » balle aux pieds, il est en mouvement permanent, il transperce les lignes adverse et se faufile entre ses adversaires. Avec tous ses atouts, on se demande comment est-il possible qu’il ne marquait pas autant auparavant ? De nos jours, le Diable Rouge crucifie les gardiens d’Europe. Décisif, Eden évolue, il tire là où naguère il faisait la passe, apparemment c’est aussi comme cela qu’on se rapproche du Ballon d’Or.  

mardi 14 janvier 2014

Quel avenir pour le FC Nantes ?

Ecrit par Anne-Claire Gourin

Septième à la mi-saison, le FC Nantes effectue un retour fracassant en Ligue 1. Les hommes de Michel Der Zakarian prouvent au fil des mois que le football est bel et bien un jeu collectif. Les Canaris ont vécu une année 2013 quasi parfaite mais en 2014, ils vont devoir prouver qu’ils méritent leur place dans l’élite. 

Victoire 1-0 contre Lorient lors de la 20eme journée de L1, le FC Nantes commence bien la deuxième partie de saison. Avec 32 points au compteur, l’équipe de Michel Der Zakarian se rapproche du maintien, l’objectif fixé en août dernier. Mais avec le parcours effectué depuis, tout le monde revoit les ambitions du FC Nantes à la hausse. Tout le monde sauf le club. « Notre objectif reste le maintien, une fois les 43 points atteints on pourra viser plus haut », on commence à connaître ce discours par cœur. La langue de bois est au rendez-vous à la Jonelière, ainsi que la sincérité. Car au vu de l’effectif et de la situation du club, personne ne voyait le FC Nantes septième de Ligue 1 à la fin de la première partie de la saison. Les Canaris ont autant de qualités que de défauts. Le club a donc raison de ne pas s’enflammer, car dans le football, tout peut s’inverser rapidement.  

"Ne lui parlez pas de jeu à la Nantaise, car seul le maintien compte..."      
Sous la menace d’une interdiction de recrutement par la FIFA (oh Bangoura), le FC Nantes doit constamment être sur ses gardes. Et en plein mercato d’hiver, Valdemar Kita doit gérer le problème Filip Djordjevic. L’attaquant Serbe, au club depuis 7 saisons, est en fin de contrat en juin. On l’annonce à la Lazio de Rome. C’est un peu flou, mais à la Jonelière, on se doute bien qu’il quittera le FC Nantes. L’heure est donc de savoir si les Canaris doivent recruter un attaquant ou non. Même si l’équipe vit au jour le jour, il faut quand même penser à l’avenir. Se maintenir une année c’est bien, mais rester régulier en Ligue 1 c’est mieux. Les années les plus difficiles sont probablement à venir pour le FC Nantes. 

Sans réelle star, l’équipe n’a pas beaucoup changé depuis la Ligue 2. Les joueurs se connaissent, un groupe s’est formé depuis plus d’un an. La plupart, comme Lucas Deaux (le chouchou de la Beaujoire), découvrent la Ligue 1. Ils apprennent au fil des matchs et progressent rapidement. Sur le terrain, quelques joueurs font la différence. La charnière centrale Vizacarrondo-Djilobodji (Papy !!!!) fait le boulot. D’ailleurs, le Sénégalais a déjà été repéré par les grosses équipes, genre Marseille et Chelsea. Il faut dire que Papy Djilobodji est un joueur décisif car lorsqu’il est en forme, le FC Nantes fait un malheur. Issa Cissokho a également sorti de gros matchs durant la première partie de saison. Le latéral gauche figure même dans quelques équipes types réalisées par certains médias chaque week-end. Jordan Veretout, champion du monde U20 avec l’équipe de France, représente l’avenir des Canaris. Avec tout ça, le FC Nantes prouve qu’il mérite sa place en Ligue 1. Les hommes de Michel Der Zakarian ont même marqué les esprits en allant s’imposer à l’extérieur (Rennes, Bordeaux, Marseille…). L’entraîneur est en train de réussir son pari. Ne lui parlez pas de jeu à la Nantaise, car seul le maintien compte...      

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jeudi 2 janvier 2014

13 HIP HOP ALBUMS 2013 : Le TOP 3 !!!

3. The Gifted de Wale 
D.C stand up! 
Wale est une séquelle laissée par les coups de fouets. Walé est un jeu de plateau africain consistant à faire passer des cauris (pions) d'un trou à l'autre sur une table en bois évidée de douze trous. Wale est un poète afro-américain à la plume acérée mettant en vie des images vivides de tous les jours avec une précision picturale. Wale ou "The Gifted" est une symbiose de ces trois définitions... 

L’ambiance est joyeuse, festive, « soulful », on célèbre la vie, on célèbre le talent, le don pendant plus d’une heure. Folarin nous a gratifiés d’un album complet car bien sûr il est complet. Le parler de Wale est envoûtant, quand il commence une phrase on ne sait jamais comment celle-ci finira. Contrairement à certains rappeurs qui mettent à peine dix minutes pour écrire une chanson, le rappeur d'origine nigériane prend son temps pour qu’il y ait de la musique dans ses mots. Il a d’ailleurs déclaré « ce qui marche dans le rap c’est parfois des sons que je peux faire en freestyle »… Lorsqu’on écoute « The curse of the Gifted » ou « Sunshine » on comprend que Wale soit méticuleux pour nous composer des paroles d’une finesse rare avec parfois des « triples-entendre ». “I eat this game and shit this out/My dirty draws got winning streaks /I’m in too deep, this industry is sayin to a nigga/Got change like them, just but ain’t changed like them nigga nigga/ The only shit on my old shit cuz I’m on shit/But I was pumpin in ’06 with the slow shit”. Les thèmes sont traités avec un sérieux presque académique, il étaye même ses arguments. La compréhension est linéaire et les propos ne sont pas hachés par des « bars » (phrases) d’ego trip comme souvent. De vanité (Vanity) au crucifix en or (Golden Salvation), en passant par la crédulité (Gulible), le club de striptease (Clappers) et la drogue (Bricks), pour enfin embrasser les rêves (Tired of Dreaming), l’amour (LoveHate Thing) et le sexe (Bad) le tout sous un remugle de gros joint provenant du Sud (Rotation). The Gifted est un rayon de soleil à écouter en été de préférence. Notamment la piste 14 intitulé « 88 » un  vibrant hommage à MJ, produit par Just Blaze, qui vous donne l’impression d’être juste au top! Le poète de MMG est le genre de rappeur qui n’a pas de sons avec essentiellement des punchlines faibles du moins sur cet opus. Rigoureux, il narre - au lieu de juste rapper – des histoires sans grossir les traits. Il avoue d’emblée qu’il n’est pas du style « gang-banger » mais attention il en connait tout de même. En dépit d’une écriture racée, Wale a mis sa légère touche Go-Go dans cet album avec la présence de grosses percussions et un flow syncopé… 
"And I wrote this album without a care in the world
But the outcome as long as long it's an out pour of em
Came out they downfall like an overblown round ball before my sound off
Or maybe this music will inspire a future mountain mover or two
And if I ever rush more music out to you
Then know that I'm overworking myself ‘cause my heart and mind into it
Ain't been a black hero since Robert Townsend
So for meeting your man I hope you found something profound and enough to expand on before the sound falters" (Outro)

P.S : Le dernier single en date "Heaven's Afternoon" avec son acolyte Meek Mill !!! 


"Pac had a nigga saying fuck Jigga, fuck Biggie"
2. Born Sinner de J.Cole
Ecrit par HKB

Born Sinner était l'une des locutions les plus utilisées par Notorious Big, l'une des deux figures majeures du rap avec Tupac.

Le rappeur de Fayetteville, en Caroline du Nord, la reprend pour le titre de son album. J Cole nous offre des histoires en bon conteur qu’il est “I used to print out Nas raps and tape 'em up on my wall/ My niggas thought they was words, but it was pictures I saw/ And since I wanted to draw, I used to read 'em in aweLet Nas Down. En effet que ce soit dans Power Trip, ou Trouble ou Runaway, on arrive à s’immerger dans ce qu’il dépeint.

Villuminati ouvre ce très grand album de rap classique. Pour de la Trap music il faudra repasser, l’héritier du péché originel qu’il est (She Knows, Ain’t That some Shit) ‟I was born sinning But I live better than that” nous gratifie néanmoins d’une musique de qualité que l’on pourrait tout simplement écouter sans paroles (Born Sinner chanson éponyme avec James Fauntleroy, artiste à écouter !!!). Etant producteur de la plupart des morceaux, comme un certain “god of rap”, la tonalité, l’instrumentation servent de point de fuite pour mettre en perspective les images qui sont brossées de ses textes. Son dessein n’en apparaît que plus cohérent.

Yeah, but I got dumb as shit/ Hanging 'round these rappers cause they dumb as shit”! C’est ainsi qu’il répond à son flirt de la fac qui lui demande pourquoi il copie ses réponses. Il s’agit d’un lieu commun chez les rappeurs, que dis-je chez les sportifs, les hommes d’affaires, les acteurs, les hommes politiques, que nenni c’est l’un des sept vices inhérents à l’Homme en l’occurrence l’orgueil.

Il estime qu'il s'est un peu perdu "Re-adjustin' my target audience / Cause it's obvious / I've gone astray / Losing my way like Timberlake / Produced by Timbaland on that goddamn FutureSex/LoveSounds". Mais comme il explique dans Let Nas Down, le recours à du "fast-rap", facile à digérer pour des esprits fainéants, du Trinidad James par exemple puisqu'il le cite, lui a été malgré tout bénéfique pour se rendre compte de l'importance de son courant musical. En effet le protégé de Jay Z est un lyriciste dans toute sa splendeur. Dans l'écriture il se rapproche de la poésie, avec ses déclamations dignes de didascalies théâtrales, il intone du sens, colore ses vers.

Il est en train de réécrire le rap moderne comme Nas en a écrit la bible auparavant. Assurément, même après avoir rejoint Roc Nation, il a fallu ne pas céder à la paresse, s’établir dans le paysage, ce qu’une seule collaboration sur le bien nommé A Star Is Born avec le rappeur de Brooklyn n’aurait pas suffi à réaliser. How many records do a nigga gotta sell/ Just to get the cover of the double XL / Or fader, fuck ya magazine hater/ When I say that I'm the greatest I ain't talking about later/ I'mma drop the album same day as Kanye/ Just to show the boyz I'm the man now like Wanyá” (Forbidden Fruit)

Pour faire parvenir son message ‟But know the realest nigga wrote this/ And signed it, and sealed it in a envelope and knew one day you'd find it/ And knew one day that you'd come back and rewind this, singing...(Born sinner), il a usé de toute sa palette rhétorique, de tous les moyens nécessaires.

Après tout il a étudié Machiavel "I'm the prince of the city / I studied Machiavelli" Villuminati.

1. LONG LIVE ASAP de ASAP ROCKY 

"Flacko be the shit"
"Pretty nigga rich, Flacko be the shit/ And that bitch, know we poppin' so she boppin' on this dick
Nigga, R.I.P. to PIMP, can't forget Lil’ Flip/And I take it out to Memphis so shout out to triple six" (Long Live Asap)

A entendre son flow, on pourrait parier qu’A$ap Rocky est un pur produit de Houston (Texas) et a grandi en écoutant uniquement Scarface, Outcast, UGK, et autres, mais rien de tel. Le gars est né à Harlem en 1988. Et en termes d’influences musicales, il n'y avait rien de mieux à l’époque. Nas, Biggie, Jay Z, Wu-Tang Clan, Mobb Deep, Big  L… Asap explique qu’il est entre autres un cocktail de ces deux écoles même si ses influences vont au-delà du Hip-Hop (génération Rap 2.0 oblige). Bercé par le lyrisme propre aux rappeurs East Coast de l’époque et fasciné par la musicalité des sons, des flows des rappeurs du Down South. Le tout égal Long Live Asap. Son 1er album est un classique. Comment reconnait-on un classique ? (Il y a plusieurs manières, évidemment)! 
Commençons par l’intro éponyme de l’album.  Flow en double temps à la Bone-Thug n-Harmony –que plus personne ne faisait depuis un certain temps- sur un beat lent et des basses lourdes avec une voix off chopped and screwed (à la DJ Screw). Il pose des phrases concises et sombres avec cette nonchalance qui fait admirablement son charme. Avec une intro aussi solide t’as déjà 20% de ton classique. Ensuite il te faut un hit : « Fuckin’Problems ». Un club banger ou car banger c’est selon. En tout cas, il faut que le son envoie du lourd et en cela Asap a assuré. En mettant Drake et Kendrick sur son hit, il a pris un risque celui d’être effacé par la présence deux des MC les plus talentueux de sa génération. Que nenni! Asap a posé son couplet avec assurance et flegme, tout en accélérant son flow, lent à l’accoutumé, pour montrer qu’il est bel et bien aussi versatile que son époque. On est à 50%. Une pensée pour les femmes avec « Fashion Killa » où il déclare son amour pour la mode et pour les femmes bien habillées. 65% ! Il faut sortir la tête haute d’une collaboration avec ses rivaux. Dans cet exercice Flacko n’a peur de rien. « 1 train »  un genre de cypher sur son album avec Kendrick, Joey Bada$$, Yelawolf, Danny Brown, Action Bronson et Big K.R.I.T. Rien que ça! Il en sort grandit en posant en premier ce qui n’est jamais facile dans ce genre d’exercice. 90%. Les 10% restants pour réaliser un classique englobent l’ensemble de l’album. Il faut que les sons demeurant dans l’ombre des singles soient aussi voire plus lourds que ceux qui tombent désormais dans le mainstream. Dans « Phoenix » il se penche sur son adolescence et son anxiété, « PMW » est plus qu'un son à spliff comme on les aime, « Suddenly » un son "conscient" où il déverse son amour pour son prochain : "I only got one vision, that’s for kids in every color, religion/That listen, that you gotta beat the system, stay the fuck out the prisons". Il ne se veut pas rappeur politique ou rappeur conscient mais il veut briser des barrières et qu’il le veuille ou non, particulièrement sur ce son il a eu des mots très forts, très beaux et très consciencieux. On oublierait même son hommage au début du morceau aux rappeurs qui l’ont influencé dans sa carrière. Il y a un deuxième hit sur  l’album « Wild for the Night » qui rend littéralement fou. 100% !
Loin de la facile comparaison au Wu ou au Ruff Ryders, le ASAP Mob est un crew hétéroclite en expansion. Des individualités se dégagent peu à peu (Asap Ferg), l’équipe se fortifie et peut un jour espérer atteindre l’aura des squads de DMX ou RZA. L’air est différent, l’ère est nouvelle, l’aire est décuplée, ainsi les nouveaux acteurs du Rap veulent étendre les limites de leur art. Rappeur désormais artistes adorés par les hipsters et amateurs de mode, écoutés par les homosexuels ou pour certains accueillis dans les universités; les frontières du Hip Hop se redéfinissent. Redéfinir le Hip Hop tel est sûrement le but de ce jeune Rakim Mayers…
  
« Always Strive and Prosper » !


Ceux qui auraient dû et/ou pu figurer

14. Mac Miller: Watching Movies with the Sound Off  
15. Pusha T: My Name is My Name 
16. ASAP Ferg: Trap Lord
17. TechN9: Something Else
18. Ace Hood: Trials and Tribulations 
19. Crooked I : Apex Predator
20. 2 Chains: B.O.A.T.S. II ME TIME


RETROUVEZ LE TOP 13 EN ENTIER : 13 - 10 / 9 - 7 / 6 - 4