mardi 31 décembre 2013

CE QUE V(A)EUT BALOTELLI !

Why always me ?
Son histoire est désormais connue de tous. Ses charivaris n’étonnent plus personne. Son talent peine à prendre le dessus tant sa désinvolture le noie de l’intérieur.

Malgré son palmarès déjà bien rempli à seulement 23 ans, il y a une seule statistique qui m’intéresse chez Mario. En 84 matchs de Série A, il a planté à 38 reprises et s’est pris 30 cartons jaunes et un carton rouge. Pour généraliser le propos, sur l’ensemble de sa carrière il en est à 92 buts pour 84 cartons (dont 7 rouges). Le constat est net, il cartonne avec une ténacité consternante. Pour comparer, Messi (364-40), Ronaldo (399-96), Ibra (327-98)... Evidemment, ces derniers ont joué plus de matchs que lui mais le propos demeure. Balo doit s’enhardir s’il veut vraiment être reconnu pour son génie et non sa folie au panthéon des plus grands. En même temps, que voulez-vous ? « With great talent comes great insanity »!

«Pourquoi tous les hommes exceptionnels du passé étaient-ils manifestement mélancoliques?» (Aristote) dira-t-on du premier attaquant noir de la Squadra Azurra.

Sur le terrain, sa folie se matérialise par ce nombre injustifié de cartons pour un buteur. Il ne peut pas continuer à louper des matchs à cause d’un nombre démentiel de cartons jaunes.  Sensible et susceptible, cible préférée des pourfendeurs des valeurs humaines, coléreux et sanguin lorsqu’on le provoque, Super Mario joue deux matchs sur le pré. Un où son génie n’a besoin que de peu de ballons pour s’exprimer et un autre où sa folie elle, n’a besoin que d’une provoc’ pour s’extérioriser. Dans ces matchs, la côte N2 est souvent alléchante…

Comment utiliser Balotelli ? Comment l’encadrer ? Comment transformer cette fêlure en armure ? Ce nombre de cartons en pains (buts) ? Cette machine à biscote en machine à scorer ?

Ce qui cloche dans le Dôme de Milan

J’ai demandé des réponses auprès d’un fin connaisseur du football italien. Un fan héréditaire de l’Inter Milan qui a mis de côté sa haine viscérale des Rossoneri pour analyser le cas Balotelli.

La cathédrale de la Nativité-de-la-Sainte-Vierge
« Je pense que Allegri le fait trop bouger au front de l’attaque. Il joue jamais que dans l’axe, il se déplace beaucoup et Kaka aussi. Je ne pense pas que ça soit un problème psychologique mais plutôt tactique. Il est indiscipliné tactiquement. Sa position sur le terrain est trop latérale, trop sporadique. Il veut trop faire le jeu car il aime toucher le ballon. Il doit marquer plus. Le talent il l’a, l’envie il l’a et il n’est pas con enfin même la connerie n’a jamais empeché un joueur d’être grandiose. Regarde l’équipe du Brésil de 58-62 (double champion du Monde ces années-là, NDLR) ils étaient cons. Ils venaient des pires quartiers du Brésil. Les Garrincha et les Pélé». Un problème de positionnement donc, dû à la volonté d’Allegri de ne pas jouer avec un pur numéro neuf et au désir de Balotelli d’orienter le jeu malgré la présence de Kaka. Le prix à payer pour être trop talentueux, trop polyvalent peut-être. En effet, il a une vision de jeu digne d’un meneur, un jeu en une touche intelligente, une facilité à trouver les intervalles comme à les percer. Sa frappe est l’une des plus belles, fortes et précises d’Europe enfin faudra déjà qu’il frappe la balle avec moins de facilité. En même temps, quand tout est si facile, la rigueur est considérée comme un crime de lèse-majesté.

En outre, l’effectif du Milan étant moyen, l’avant-centre milanais n’est pas toujours servi dans les meilleures conditions. Il est rarement trouvé dans sa zone préférentielle située aux abords de la surface, où il est bon d’enrouler sa frappe pour un droitier. L’apport de Kaka se ressent dans ses récentes performances, Balo est souvent cherché par le brésilien et lorsqu’il le trouve, ça fait mal. Sauf que ce n’est pas assez. Mario Balotelli ne peut pas se contenter de faire des moitiés de saisons. Il ne peut pas se comparer à Ibrahimovic et mettre que six buts en douze matches de championnat. Tandis que tous les grands buteurs ont déjà plus d’une dizaine de banderilles en poche. Que veux-tu Balo ?

Veut-il laisser une trace sur ce grand ballon rond bleuté ? Veut-il être mentionné dans les cours de récré en 2053 comme l’un des plus grands attaquants au monde n'ayant jamais prouvé sa réelle valeur, faute de rigueur ? Veut-il être adulé par un groupe de fans inconditionnels, qui le vénèrent depuis un soir de Ligue des Champions contre Rubin Kazan en 2009 ? Veut-il la gloire incontestée, celle dont jouissent les Légendes ? Ou veut-il juste faire son métier de footballeur, marquer sans jouissance comme une lettre à la poste, publier des « selfies » sur Twitter et s’amuser avec « Super » (son chien) sans plus l’être ?

On attendait Balotelli à l’Euro 2012, il a répondu présent avec hargne. On l’attendra en 2014 avec encore plus d’appréhension et moins d’indulgence. Mario n’est plus très jeune, il n’est plus l’homme qui ne ratait jamais de pénalty, il n’est plus le sauveur de la Nation, à l’aube de la prochaine échéance mondiale.Il faut qu'il remette les pendules à l'heure. Il est ce qu’il montre. Il vaut ce qu’il montre.  Et pour l’instant, il n’a rien démontré.

TOP 10 HIP HOP MIXTAPES 2013

1. Nipsey Hussle : Crenshaw
Merci Dj Drama
NON, Ce n'est pas le fils de SNOOP !
Une mixtape qui se vend à 100 dollars. Un classique. Un Classique. Un **** de Classique. Nipsey a 28 ans ne veut pas qu’on croit qu’il est une révélation sporadique du rap timbré West Coast. En effet, il est présent dans le milieu underground depuis dix ans. Il est tellement indépendant qu’il a décidé quand est-ce qu’il allait se révéler au grand public. Dans le sillage d’un Kendrick Lamar et du TDE, Nipsey Hustle aurait été le meilleur album de l’année s’il avait fait un album. Avide de lectures et entrepreneur en devenir, le créateur du mouvement Proud2Pay annonce que ce n’est que le début d’une révolution musicale à grande échelle. « La valeur de la musique a été dépréciée, mais le fait que les gens soient prêts à payer 100 dollars pour une mixtape montre qu’il y a quelque chose de plus important de moins superficiel qui lie les gens à la musique»»

Ecoutez "Crenshaw and Slauson", je vous en supplie : 
“Labels use to treat rapers like slave nigga …
…just be happy with your fame nigga 
Shit change ..now it’s such a different game 
                          All a nigga like myself it’s control and everything 
                    Pay attention shit it’s exactly what I mean 
                 Fuck the middle man, I said that …
                   It’s eighteen …was my pillow every night …
                       Wrong nigga treat me like they OG”  

2. Chance The Rapper : Acid Rap
Acid Rap littéralement !

Un rappeur de Chicago de 20 ans qui a le verbe dans la peau. Proche du Soul et du Jazz, c’est le « College Dropout » de Kanye West qui l’a rapproché du Hip Hop. Rappeur acide, il est la révélation de 2013. 
« Favorite Song » à déguster : 
"Young Rascal Flatts - young ass kid ass could rap
Fuck all the faculty, tobacco-packing acrobat
Back-to-back packin' bags back and forth with fifths of Jack
Enforce the weed, I'm back to pack on hands" 

3. Rapsody : She Got Game
Nouvelle Lauren Hill (Qui a dit ça ? -Too soon) 
Originaire de Caroline du Nord, Rapsody est la protégée de 9th Wonder. Donc vous voyez déjà le genre ? C'est le style d'artiste qui respecte la culture classique du Hip Hop à son paroxysme, dont on peut être certain qu'elle ne prostituera jamais ni son art ni son talent . Et du talent Elle en a. Elle a du stylo. Elle a du flow et ses sons sont vivifiants. Son aura gracieuse... "Generation", "Feel Like Love", cette mixtape contient des perles.


“Bane ain't a match for this emcee / And Dark Knight bat wings need a M3 / All y’all drool for Ra’s al Ghul protégé / I’ve been cold as Jay on 3 Kings nigga get schooled...” (Dark Knight avec Wale)

4. Action Bronson : Blue Chips 2

Il ose TOUT !
Ne le comparer SURTOUT PAS à Bubba Sparxxx ou un autre rappeur blanc et gros. BLASPHEME ! Action Bronson (29ans) est un anachronisme vivant toujours dans les années 90 dans les rues de Queens (New York). Déjà, en 2011 il avait sorti NotEnoughWords sur une double mixtape avec Statik Selektah… Là il revient avec une mixtape délirante qui peint son monde apolitique correct. Juif albanais avec des rimes de psychopathes et un esprit assez décalé qui veut s'inscrire dans l'Histoire de son art. Loin des sons Trap à la mode, Action Bronson et Party Supplies osent défier le présent ! "Bronsolino" adore manger...et il en parle beaucoup dans ses sons !

“Play your poker on the riverboat/ Hit the ace, long rifle in my bitch’s coat/ Flip off the balcony, knife to the throat/ Ice in the Coke/ Coke on the table, wildin’ out in Roanoke.” 


5. Jeezy Doughboyz Cashout YG : Boss Yo Life Up Gang
"This ain't a mixtape, but the tapes mixed"

« Street only » disent les gens qui ont acheté cette mixtape. On peut vous dire qu’elle est bonne et noire. Les rues de Détroit (Cashout) de Caroline du Sud  (Jeezy) et de Compton (YG) fusionnent pour vous offrir une tape de malade, interdit aux mineurs. “My nigga” et “No Pressure” portent avec panache l’opus et le reste envoie aussi du lourd. Young Jeezy est très en forme, ça promet. 



VEGAS Stand Up!
6. Dizzy Wright : The Golden Age
Rappeur de Las Vegas (le seul?). A 23 ans, Dizzy buche à l’ancienne et s’améliore de mixtapes en mixtapes. Après des mois de « Soul Searchin », il sort « Golden Age » une manière de dire qu’il est à l’apogée de son art. "The Flavor, Maintain, Progression, Still Movin, Fashion" sont quelques titres à ne pas louper sur sa tape.   

90's BaCk !
7. The Underachievers : The Lords of Flatbush

Produit par Lex Luger (B.M.F de Rick Ross), les deux rappeurs sac à dos façon 90’ sortent une mixtape qui s’éloigne de ce qu’ils faisaient auparavant Indigoism. C’est pour tous les nostalgiques des années où les lyrics étaient scrutés à la loupe. Brooklyn Stand Up ! 


8. Joey Bada$$ : Summer Knights
I was born in the wrong/right century

Boom Bap Boom Boom Bap! Joey est dans la mouvance de la côte Est qui veut faire revivre le rap de l'âge d'or. “Sweet dreams, stuck in the ’90s/’90s babies it’s a matter of time”(Sweet Dreams). Nonchalant, il démontre qu’il est de loin le plus nostalgique de sa génération (1995). "95 til' Infinity" un son qui dit pourquoi il est si vieux musicalement. « LongLiveSteelo » à écouter presto. Pro Era, son collectif déjà comparé au Wutang-Clan (Yes, way too soon)! 




Pricetag à gauche et Octane à droite
9. Audio Push : Come as You are

"Teach How To Jerk" en 2009 les avait mis dans la même catégorie que les Soulja Boy et consorts. Mais le duo de la côte Ouest s’est battu pour casser cette image. Ils m’ont convaincu avec cette mixtape où les lyrics prennent le dessus sur le reste. 
“Tis the season”
“So much money, white folks is calling us heathens /We giving meat to these women claiming they vegan” de Pricetag (LJ)


10. Flatbush Zombies : BetterOffDEAD

Un collectif de Brooklyn proche des Pro Era et des The Underachivers. Toujours dans cette même mouvance appelée « Beast Coast », ils mettent l’accent sur les textes au même titre qu’un bon beat signé Eric Elliot.

lundi 30 décembre 2013

A LA DECOUVERTE DE TOM KIGNUE - L'interview Part II

Petit tour de l'actualité avec Tom Kingue, en passant par Chirstiane Taubira, NBA, la Bible etc... Dans cette même ambiance conviviale de la première partie. D’ailleurs si vous avez vu la première partie, vous ne pouvez que voir celle-ci. C’est comme regarder Matrix et non le 2. Ou le Roi Lion... enfin même si le deux était moyen. Bref TOMMY THE en exclu sur Allof pour bien commencer l’année. Han.

COGITEZ avant d’ERGOTER (#CAES)  
Pour voir l'interview cliquez sur le lien ci-dessous : 
http://www.youtube.com/watch?v=98Gsp3cprNU&feature=em-upload_owner

RATTRAPAGE pour ceux qui n'ont pas vu la Première Partie :
http://www.youtube.com/watch?v=IVHYZbbNgvA


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TOP 13 HIP HOP ALBUMS 2013 : 6-4

6. I am de Yo Gotti 
"I am the struggle, I am the hustle
I am the city, homie proud of me did you"
"I Am" 
Yo Gotti a fait son Scarface (le rappeur bien sur en 94). Il a pondu un Classique et s'octroie la couronne éphémère de Roi du Down South.. Un œuf hétéroclite couvé à la fois par des beats soulfoul et par la Trap Music. On y découvre un trappeur certifié, un rappeur mature et un côté OG qui nous offre un florilège d’ambiances tout au long de l’album. Il a puisé à New York pour "Cold Blood", son troisième single en collaboration avec J Cole. Un son chèvre chaud miel avec pain d’épice, qu’on ne peut que kiffer. « Sorry » et « Lebron James » sont les seuls titres réellement Trap. En effet, le MC de Menphis a plutôt varié les styles sur cet opus. « Pride to the Side » (sur la fierté), « Respect what u earn »  et « Don’t come around here » (sur la violence sur les femmes) sont des sons doux au flow captivant et aux lyrics simples. Simple mais authentique, vrai, sans fioritures, l’écriture de Gotti peut se décrire ainsi. Un album réussi qui vous fait voyager dans les profondeurs du South et des codes de ses quartiers « Die a real nigga ». Les deux premiers singles « Act Right » avec un son très West Coast et « King Shit » qui revient aux sources South, ont placé cet album au deuxième rang des Billboard dans la section HipHop et R’n’B dès sa sortie en novembre. Dans un style calme et direct, sans sous-entendu ou métaphore filée, Gotti est trop gangsta pour jouer sur l’esthétisme. Il est sur le terrain de la palpabilité de l’émotion. Il est franc et son vécu, son craché, son expérience, ses escapades racontées nous emportent dès le premier son « I Am » éponyme de l'album. Malgré une kyrielle de collaborations sur cet album, Yo Gotti tire son épingle du jeu. Roi des mixtapes, Roi de Menphis Yo Gooottti !

5. Nothing Was The Same de Drake
Ecrit par HKB

"Tuscan Leather" introduit magistralement ce nouvel album du rappeur canadien.
"Crazy how I blew myself from fucked up"
Six minutes de pur flow où Drizzy demande de manière rhétorique “I'm tired of hearin' 'bout who you checkin' for now / Just give it time, we'll see who's still around a decade from now / That's real". Il endosse son rôle de meilleur rappeur de sa génération. Exposer avec plus ou moins d'emphase et de style ce que l'on vit, ce à quoi on est confronté ainsi pourrait-on définir le rap. Pour d'autres il s'agit de la violence, du trafic de drogues, pour Drizzy c'est l'amour qu'il porte à sa mère (Too Much) ses amis, ses amours (Connect, Come Thru ou From  Time avec la subjuguante Jhené Aiko à la voix si envoûtante ou The Motion) son ascension sociale (littéralement "Started from the Bottom"). D'ailleurs, il le dit pour ceux qui lui reprochent d'être un "soft rapper", qu'il n'a pas besoin de pseudonyme Drake c'est son prénom à l'état civil; en somme il se livre tout entier sans fioritures, sans ambages, c'est le vrai Drake Aubrey Graham. Cette honnêteté le conduit à dénoncer ses détracteurs dans "Worst Behavior" où il montre qu'il se souvient... Il est un véritable rappeur («I am the kid with the motor mouth » The Language) en témoigne la reprise du flow de "Versace" dans "The Language" tout simplement "Le flow" de 2013. NWTS s'écoute d'une traite. Une cohérence musicale qui est due au talentueux Noah "40" Shebib (producteur exécutif de cet opus) qui conduit dans une ambiance suave, le plus sentimental des rappeurs à se raconter. Si on prête l'oreille, on peut entendre les différents titres des morceaux dans d'autres chansons par exemple « Started From the Bottom » dans l'intro « Tuscan leather » ou « Worst Behavior » à la fin de « Pound Cake/ParisMorton Music 2 ». Par la musique, par les paroles, par l’expression de ses sentiments, de ses états d’âme, il sort des carcans classiques du rap (Hold on, We’re Going Home), en ce sens on peut dire que Drake est un rappeur romantique. "Furthest Thing" les gens...

4. OLD de Danny Brown
“You can never understand all the pressure I'm against/Getting high thinking how to make it better than your last shit"
OLD son 3ème album

Le fou ! Oh la gueule ! Bloquons deux secondes sur cette tête ! A quoi vous fait-elle penser ? Au mec dans Don't Be a Menace to South Central While Drinking Your Juice in the Hood (Spoof Movie) dans qui cherche désespérément sa dose et qui est même prêt à faire une fellation à Cendar (Shawn Wayans) pour arriver à ses fins. Danny Brown, rappeur de Détroit, vit une seconde jeunesse dans ce sport de jeunot. Il sort OLD à 32 ans, une hyperbole lorsqu’on écoute son album encré dans le présent, l’ère du Trap 2.0. Cet album est fait pour s’amuser pour danser, pour délirer, pour s’intoxiquer, pour flotter, pour chanter et re-danser, re-fumer, re délirer etc…Il faudra « trapper » sur Kush Coma, dubstepper sur Dubstep, Boire et fumer sur Smokin and Drinking, sautillé de toute part sur Dip… OLD est en cela un bijou. Un trésor de bonne vibes, de délires enivrés, de flows originaux grâce à sa voix monstrueusement rocailleuse et de beaucoup de sex… Brown doué micro en main depuis son plus jeune âge, aurait pu signer chez G-UNIT (en 2010) mais son excentricité, son extravagance a refroidi 50 cent. Oh une futile histoire de jeans trop serrés… Et tant mieux car on aime Danny comme il l’est. Sa dentition, sa coupe de cheveux, son sens de l’humour, c’est un bol d’air frais dans le milieu qui tend vers l'homogénéisation.“My forehead's sweaty, my eyelids heavy, feeling like I ain't goin' make it/Cause inside my head's like a firework show in the 4th July in Las Vegas” (Kush Coma). Nonobstant son engouement estampillé sex drug and rap, le rappeur de Michigan a des mots forts, du phrasé, des phases derrière cette coupe improbable. “Unc beating on my auntie, gunshots outside was sorta like fireworks/We know they weren’t fireworks, its December 21st” (Torture). Un des sons introspectifs de l’album qui relate de sa dure enfance à Détroit. Si vous voulez écouter des sons plus posés, moins joyeux, plus sérieux, il y a  “Float on” « Lonely » ou encore « The Return » où danny Brown essaie d’expliquer le pourquoi du comment de sa personnalité. Malgré l’adversité de la vie, il a persévéré. L’anxiété est quelque chose contre laquelle, il se bat et s’est toujours battu. En définitive, on a ce qui se fait de mieux en matière de Trap Music et un supplément conscient, ce n’est pas mal pour commencer la nouvelle année.       

lundi 23 décembre 2013

YAYA, le meilleur milieu de terrain au monde

Au football, le milieu de terrain est un joueur dont le rôle est de réaliser la liaison entre la défense et l'attaque. Au fil du temps, les tâches du milieu de terrain se sont intensifiées, preuve que la modernisation n’épargna aucun milieu. Jadis, le numéro 6 type devait être discipliné, brave et généreux. Il n’avait aucune utilité à proprement parler dans le jeu. Son job était de récupérer la balle par tous moyens et de la transmettre aux coéquipiers vers l'avant, si possible. Ensuite, on a remarqué que ce genre de joueur avec de telles qualités mentales - capacité à se sacrifier pour l’équipe - correspondait à ce qu’on attendait d’un capitaine. Du coup, l’épicentre de l’équipe, ce lien entre devant et derrière, droite et gauche, était le patron de l’équipe. On associait instinctivement le numéro 6 au capitanat. La passe, l’outil primordial dans ce sport. A ce poste, il était question de faire simple, de faire juste, prudence avant toute chose (à base de passes en retrait ou latérales sans jamais prendre de risques). Rigide de la cheville donc, jusqu’à ce qu’un rebelle sonne la révolte. En effet, la combativité ne suffisait plus. L'archer du milieu a ajouté une nouvelle flèche à son carquois : la puissance. L’envergure physique au service du collectif. On a donc compris que la guerre de l’entrejeu se gagnait à coup de casques, à coup de boules, au coude à coude. Le plus fort faisait sa loi, tout en alliant les autres humbles qualités indispensables au secteur. Le milieu valeureux, le soldat intrépide qui harangue ses troupes pendant la bataille. Le premier au front et le dernier à sortir du pré; la description du six. Le visage des acteurs du Football évolua à une vitesse considérable. Le rôle de l’arbitre - assurer l’intégrité physique des 22 acteurs - est à préciser car jusque dans les années 90, cette règle n’était pas aussi claire. Les rugueux travailleurs travaillaient au corps leurs adversaires avec une impunité insupportable. Il fallait que les choses changent. Subséquemment, les hommes en noir sanctionnaient dorénavant avec véhémence la maladresse fautive des bourrins. Il fallait encore s’adapter. Le milieu de terrain dut mettre plus d'eau dans son vin, plus de finesse dans son vice. En d’autres termes, il fallait mettre à bien toute l’expérience emmagasinée en tant que coupeurs de pieds. Cela pouvait se traduire par un travail dur sur l’homme avec un sourire de façade ou par une attitude sournoise comportant des coups seulement quand le sifflet a le dos tourné. Sale réputation ! Le milieu est, de nature, un personnage de l’ombre. Il accepte sa situation dès lors qu’il arbore son numéro, naguère, significatif. Aujourd’hui, qu’il soit défensif, relayeur ou central, il est au centre de l’attention. Mettons de côté la puissance, la combativité et le mental consubstantiels à ce poste. Ce sont désormais des « plus » car l’essentiel est ailleurs. La technique de passe, le placement, l’anticipation et le jeu vers l’avant sont les nouveaux gadgets des milieux de terrain à l'ère de la 4G.

De Bouaké au Zénith du football mondial !     
Yaya, un vin de garde

A 30 ans, Gnégnéri Yaya Touré est le meilleur milieu de terrain au monde. Le cadet des Touré est passé par toutes les étapes avant de pouvoir amplement mériter son statut. Flashback, nous sommes en 2000 dans la capitale de la Côte d’Ivoire, dans l'antre du "Félicia". Gnégnéri joue au poste d’attaquant avec comme leitmotiv « les enfants s’amusent », legs de son mentor Jean Marc Guillou. Du haut de son mètre quatre vingt dix, l’important était acquis : parcourir la pelouse rectangulaire comme les terrains rouges du quartier. Une philosophie à double tranchant qui l’a suivi jusqu’à l'AS Monaco. Après trois piges en Belgique dans un cocon d'ivoirien (Beveren) avec à la clé un bilan famélique d’un but par saison, Yaya s'éxila en Ukraine (Metalurg Donetsk) afin de se construire. Il refit surface au Pirée avant d’atterrir dans l’effectif de Laurent Banide, sur le rocher en 2006. Surdoué, Yaya a sillonné la Ligue 1 comme un géant dans un bac à sable. Quand il jouait, le colossal numéro 15 brillait par sa facilité technique. Facilité un mot qui le faisait tantôt luire tantôt fuir les projecteurs. A l’époque, l’international ivoirien péchait au niveau tactique, c’est-à-dire tout ce qui englobait le jeu sans ballon. Bien que techniquement, il fut au point, un pion indispensable dans l'animation grâce notamment à son jeu en une touche de balle, Yaya franchit un pallier une fois Blaugrana. Le Barça a saupoudré ses prises de balle, perfectionné ses transmissions, revisité ses relances, "intelligé" son placement, peaufiné sa vision de jeu et fermenté sa solidité défensive. En effet, le Camp Nou en 2007 était une sorte de Salle de l’Esprit et du Temps. Vous connaissez, cette salle située dans l’abbaye du "Tout-Puissant" dans laquelle une année correspond à un jour sur Terre, ce qui permet de s'entraîner durant une année complète alors qu'une seule journée s'écoule en réalité. Là-bas, la gravité y est 10 fois plus importante que sur les autres terrains... Les trois années de Yaya aux cotés des Ronaldinho, Ibra, Messi, Xavi l’ont rendu trois fois plus fort qu’à son arrivée. Poussé vers la sortie par Pep Guardiola, il s’envole vers l'Angelterre (Manchester City). Estampillé « Barça », le bagage technique du longiligne éléphant avait tout pour séduire en Premier League. D’ailleurs là-bas, il a ressorti son physique imposant, allant de pair avec sa puissance de Platane, son jeu de tête et sa frappe de balle aussi limpide que brutale. Des atouts qui font de lui, un milieu unique et polyvalent capable d’évoluer devant la défense, au centre et même derrière les attaquants. Fine lame, il est le plus box-to-box des milieux de terrain au monde. Il est la liaison parfaite entre la défense et l’attaque. Le crochet entre une phase défensive et une contre-attaque. Le maillon hyper flexible pouvant annihiler n’importe quelle attaque placée avec ses grands compas en acier. Son jeu sans ballon n’a plus de failles, son placement dans son camp comme au-delà est toujours judicieux. Un monstre ! C’est la corde qui lie Aguero et Kompagnie - ballon au pied ou baguette à la main – Yaya Touré absorbe la pression et véhicule la sérénité, il dicte tel un Maestro ! Ces accélérations déconcertent à la fois de par la douceur de ses touchés et la précision de son maniement. Les anglais parlent de "Runaway Train" pour la qualifier ses courses inarrêtables. Depuis le début de l’année, il s’est trouvé une nouvelle lubie : mettre des coups francs dans la lucarne. Insatiable ! Il recueille en son sein toutes les vertus des numéros 6, 8 et 10 à travers les temps. Sur le terrain, l’année 2012 fut bonne à millésimer pour l'international ivoirien. Une saison qui le plaça dans le Top 10 des aristocrates de l'Empire du milieu. A l’aube de la nouvelle année, le poumon des Citizens montre qu’il est désormais incontestablement le plus fort à son poste. Il est le numéro UN et au pire ses statistiques le certifieront ! La seule personne susceptible de trouver un hic à ce grand vin, se nomme Laszlo Bölöni…

dimanche 22 décembre 2013

TOP 13 ALBUMS 2013 : 9 à 7

9. Hall of Fame de Big Sean 
Ecrit par HKB

Oh God !!!!!!

Mille sabords ! Bachibouzouk! On connait tous (j’espère) ces expressions. En écoutant Big Sean, on a droit à ses fameux ad-libs comme « Boi » que sa mère reprend dans Nothing Is Stopping You, ou encore « I do it ». “I know I'mma get it, I just don't know how” Ce sont les premières paroles du rappeur de Detroit qui témoignent de la mentalité des jeunes issus de la Motor City qui, à l’agonie, a récemment déclaré faillite. C’est la résultante de Finally Famous. Sean place la réussite au dessus de tout, c’est comme respirer pour lui “But I can't get paid from the crib, so I'll be gone 'til we on” (op.cit) “Gotta hustle every second, stacking paper every week” (Fire). D’ailleurs il est inexhaustible sur le succès, l’argent qu’il a amassé, les filles qu’il a … euh rencontrées(!). Mais le succès, ce n’est pas de devenir célèbre par tous les moyens par une vidéo faite maison comme la future femme de son mentor Kanye West. Ni de laisser de côté ceux qui vous ont connu quand vous étiez sans-le-sou, bien que cela soit parfois impossible (Ashley ft. Miguel). Ce sont les statistiques qui font le Hall of Fame “Dreams stopped being dreams when I turned 'em into goals” (First Chain). Le membre du G.O.O.D Music vit la « Good Life » et dans son philanthropisme il voudrait nous y inviter, qu’à l’orée de 2014 celles et ceux qui n’ont pas encore accepter cette mentalité de la prospérité en soient habités. « Oh God » il l’a fait…


8. Legends Never Die de R.A The Rugged Man

“This for hip-hop heads, everyone else fuck your opinions
This ain't generic pop novelty rap, I'm reigning supreme”
"I'm not the King of New York, I'm the king of the whole game"
C’est un album pour tous les NERDS du Hip Hop. Ceux qui sortent à chaque fois qu’un nouveau son fait surface : « Pff c’est pas du Rap ça». Ceux qui saignent du nez dès qu'ils entendent le triptyque combo "Turn-Up Molly Swag". Ceux qui répondent toujours avec « à ses débuts » ou « à l’ancienne» à la fin de leurs phrases, lorsqu’ils doivent donner leur avis sur un rappeur. « Jay-Z à ses débuts» « Busta Rhymes à l’ancienne» ou encore «J’aimais Fat Joe quand il avait faim». Pour ces gens-là, R.A The Rugged Man ne peut pas être « trop mainstream » , ils peuvent que kiffer cet album de l’un des plus grands MC du Rap Underground. Celui qui a réussi à faire dire à BIGGIE "I thought I was the illest" (en faisant référence à R.A), celui qu’on voulait transformer en un vulgaire « Redman blanc » à  Jive Records (1992) s’est perdu en cours de route. Ingérable, insaisissable, trop indépendant, R.A n’a jamais voulu faire l’unanimité. Sauf que Legends Never Die est un chef d’œuvre consensuel. « Definition of a rap flow » peut servir de base pour une hypothétique école du Hip Hop. Un vestige musical provenant tout droit des années fastes du Hip Hop. En gros, cet album aurait pu sortir en 1994 et s’installé tranquillement dans le Top 5 aux côté des Common, Big et Nas. Les références, les beats, les collaborations, tout empeste l’âge d’or du Rap. The Rugged Man a un flow corrosif mais doux à l’oreille, un débit tantôt rapide tantôt « Twista », il prend tout même la peine d’accentuer ses punchlines. “Too much lyricism to digest , I do it on purpose /Two of my bars is more lyrical than two of your verses”! “Learn Truth” avec Talib Kweli est d’une justesse verbale affligeante, un modèle dans le genre "Rap conscient". Ils se penchent au chevet du monde et décrivent d’un regard courroucé ce qu’ils voient. Émouvant ! Comme « Daddy’s Halo » un son dédié à son père, son idole. R.A aurait pu être Eminem et il le sait. Il suffisait juste de trouver son Dr.Dre (ça aurait pu être Just Blaze). Il aurait pu avoir une autre carrière s’il n’était pas aussi incontrôlable, aussi fou, aussi "rugged". ”Fuck the media posing as experts /Fuck the radio, fuck the television networks”. ..Ceci explique cela (entre autre)! A bientôt 40 ans, la légende de N.Y est aussi chaud qu’El Azizia en été. L’album s’écoute sans sauter une piste, on rentre dans un univers pisseux et sordide, où débauche est synonyme de normalité, bizarre mais sincère, où la grisaille ne dure pas plus que 2 sons à la suite. Le champion du peuple n’est peut-être pas au sommet mais pas loin de son meilleur niveau comme quoi Les légendes ne meurent jamais…    

7.  Wolf de Tyler The Creator
"Just wanted to tell you guys, my life is awesome as fuck"
“Fuck you, fuck you, fuck you, fuck him
Fuck everything else I can see
I know, fuck you I hate you so fucking much
I know you think I'm crazy
Cause I think you’re a fucking fag”

Un parangon de défiance du politiquement correcte. Une envie de déféquer sur tous les clichés existants tout en continuant de les perpétrer car ils sont quand même drôles. Un paradoxal amusant, pour celui qui semble (in)consciemment repousser le plus loin possible les stéréotypes dans son milieu. Tyler The Creator, rappeur, musicien, réalisateur, producteur, créateur du mouvement WolfGang et de la marque Golf, a seulement 22 ans et est le symbole du Rap 2.0. La génération qui s’expose aisément sur les réseaux sociaux et se montre très proche de son public. Wolf est un album rempli d’unicornes, de cafards, de personnages sortant tout droit d’une séance psychiatrique, l'univers de Tyler. Ce dernier met une limite à son introspection au micro. En effet, lorsqu’il estime s'être trop dévoilé et que ses lyrics frôlent la sensibilité; il nous repousse à l’aide d’un ferme « FAGGOT SUCK MY DICK » comme dans cette merveille d'« Answer », où il parle de son père nigérian. Quand Tyler pose avec « sérieux » et non avec facilité, c’est l’un des meilleurs MC dans le Rap. « 48 » , avec une simple intro de Nas, est juste frappant dans l’analyse - des raisons pour laquelle une personne se met à dealer du crack - plus que dans le lyrisme flamboyant. Lui qui admire la folie d'Eminem se prête à son tour au jeu du fan fou.« Colossus » est l'histoire d'un Stan qui rappe sa fièvre amoureuse à Tyler, époustouflant d’intensité, d'hilarité et de recul. Celui qui conçoit GTA comme une religion n’est pas juste un jeune qui hait les méduses et qui refuse de grandir comme le décrivent les médias. A travers « Akward » et « IFHY » le jeune rappeur californien nous livre sa version acerbe de l’amour. L’homme aux multiples alter-ego - car selon lui, utiliser le terme « alias» c’est pour les gens qui s’emmerdent – en fait référence dans « Pigs ». Il parle de son enfance et de la définition de son mouvement WolfGang (être sois même et fuck les Tyrans). Pour comprendre le paradigme Tyler The Creator, il faut écouter une seule chanson de cet album : « Rusty ».  Drug free and alcohol free, Tyler parait même plus mature que les jeunes de son âge: ”In a world where kids my age are popping Mollies with leather/Sitting on Tumblr, never outside or enjoying the weather”. Wolf est un très bon opus pour les amateurs de textes et d’instrus mélancoliques. Pour ceux qui sont plutôt Trap music, allez directement à la piste 15! Hors sujet parlant, Tyler The Creator a réalisé le clip Glowing de D.A (chanteur californien), un bijou esthétique montrant que sa vision du monde n’est pas que skateboard et faire des conneries...    

samedi 21 décembre 2013

TOP 13 ALBUMS HIPHOP 2013: 13 à 10

Les treize albums à écouter avant 2014...

13. Because the Internet de Childish Gambino


Aww, such a Geek
Kinison said if you gonna miss heaven.../Why do it by two inches?Old money and new bitches

Réduire Donald Glover aka Childish Gambino à un freestyle de Charles Hamilton, à un mini Kanye West ou encore futur Will Smith serait paresseux mais tellement censé. Originaire de Californie, ce bonhomme aux épaules creuses qui a vécu dans le Sud (Georgie) est cliniquement talentueux. Il réussit tout ce qu’il entreprend artistiquement avec une facilité qui le rend peut-être «trop» pour ses pairs. En gros, il énerve ! « Because the internet » résume ces quelques lignes. Artiste avant d’être rappeur, il souhaite embarquer son public dans son monde. Il nous oblige à savourer son œuvre et non la consommer en quelques clics, cherchant abusivement le beat qui va nous faire le même effet que « Tin Tin/Tin Tin/ Tin Tin/ Tin Tin Tin/ Ball so hard »... Dur de ne pas entonner machinalement le refrain de « The Worst Guys » ou de ne kiffer pas le délire de « Worldstar ». Childish est geek-rappeur qui nous offre de fines métaphores, quelques gimmicks du moment (Brrrrrrrrrrrrr), des sons/interludes/instrumental d’une minute, des portes qui s’ouvrent bref un album à l’image du personnage éclectique qu'il est. Il arrive qui pousse un peu la chansonnette, bien aidé par un mixage carré « Flight of the Navigator » et « Telegraph Ave » et ça passe.  Il sévit à mi-chemin entre des propos conscients voire futuristes et une désinvolture décuplée par la superficialité de son milieu. « Bino » nous montre qu'il prend le rap au sérieux...(And I'm out of this world like Tang, nigga/That's a space bar, man, I hate y'all). 

12. Marshall Mathers LP 2 de Eminem 


Rick Rubin, co-producteur du MNLP 2
Eminem me saoule. Je ne passe pas par quatre chemins, ce rappeur-là, me trouble. Jusqu’à quand Kim sera le fil conducteur de tous ces albums ? (KIM, son ex et mère de sa fille). Eminem est un génie (blablabla), un « real MC » mais surtout un sempiternel dépressif  et l’un des rappeurs les plus thérapeutiques du milieu. Chaque album est une thérapie pour lui. Désormais sobre, il tape dorénavant dans le spleen que dans les blagues pipi-caca. Il rabote ses flows, radote sa tristesse, ragote des conneries. Les thèmes varient rarement mais de nouvelles émotions font surface. Il se confie à nous comme pour se débarrasser de ses pensées sordides qui l’habitent. Il partage ses ressentiments, sa haine frivole des homosexuels et de Christopher Reeves (haha), ses fantasmes inavouées, son complexe – celui d’être le meilleur rappeur dans ce sport de noir - avec son public depuis plus de 15 ans. Eminem « keeps it too real » c’est dire qu’il rappe que du vrai, que du vécu. Il est "Hip Hop" depuis le premier jour. Detroit depuis toujours. Et c’est une bonne chose. MMLP 2 en cela est un album réussi et poignant. Lyricalement, « Baby » et « Evil Twin » m’ont fait éclater de rire et secouer ma tête dans le métro. Fuck top five, bitch, I'm top four /And that includes Biggie and Pac, whore/And I got an Evil Twin/ So who the fuck do you think that third and that fourth spot's for? J’aime quand Slim Shady arrache le trône ! « Bad Guy », « Headlights » et « So far » le pan de tristesse qui font qu’Eminem reste le rappeur le plus badant de ces dernières années. "My life is garbage and I'm'bout to take it out on you/Poof, then I'm gone, voosh."   

11. Yeezus de Kanye West 
Ecrit par HKB

Seigneur, Pardonne-leur ils ne savent pas encore ce qu'ils écoutent
Si on lui demandait son avis Kanye West dirait que Yeezus est le meilleur album de 2013.
"This the greatest shit in the club, since In Da Club" (Send it up).
Enfin quand on appelle son album Yeezus et que l’on est ce qu’il y a de plus proche que le Fils de l’homme sur Terre, on ne peut que faire le meilleur CQFD. En même temps le titre de King (TI) était déjà pris et ne représentait pas assez l’ascension de Mr West hors du Rap Game lui qui produit, écrit, réalise, découvre (et fait découvrir), collabore et même conçoit de la mode ("Since the tight jeans they never liked you/Pink-ass polos with a fucking backpack" dans  I am a God). On retrouve ici les sujets qui lui tiennent à cœur l’affranchissement des « New slaves », la complexe relation amoureuse (« I’m in it », « Blood on the leaves », « Guilt Trip ») avec les médias et les femmes, le Yeezy qu’on aime avec comme toujours d’excellents samples plus jamaïcains cette fois-ci. Des productions efficaces avec des synthétiseurs qui forcent la distorsion et qui agressent l’oreille comme dans « On Sight » qui ouvre l’album. Pour ceux qui seraient dégoûtés par cette avalanche d’électro et des collaborations venues d’ailleurs notamment Justin Vernon de l’excellent Bon Iver et les Daft Punk, ils ne croient que ce qu’ils voient.

SEIGNEUR, PARDONNE-LEUR ILS NE COMPRENNENT PAS ENCORE CE QU’ILS ÉCOUTENT !

jeudi 19 décembre 2013

A LA DÉCOUVERTE DE TOM KINGUE - INTERVIEW PART I


Tom Kingue est un rappeur strasbourgeois originaire du Cameroun. Je l'ai rencontré dans un bar sympa à Anvers. J'ai pris un coca, Tom lui a commandé un cocktail aux fruits rouges façon. Cinq à six euros, très bon service et tout dommage que j'ai oublié le nom du bar en question. C'est con ! On a parlé de son parcours, de son actualité et d'existentialisme. Pour ceux qui ne le connaissent pas, "Tommy The" est un phénomène. Il a tellement de styles qu'aucune figure de style ne pourra vous donner une  image réelle de son talent. L'une des figure de proue du renouveau du rap français. Courrez voir et écouter ses premiers "Kiffstyles" ou encore "Le teaser de l'intro" puis une fois que vous aurez dégusté les beats de Sweet, attendez patiemment son nouveau projet intitulé "Cogito avant Ergo Sum" (#CAES). Son parcours, sa maison "Skillstormusic", ses punchlines, son art, la société, la NBA et 2K, Jésus et Judas...On divague et c'est doux !


Pour voir l'interview cliquez sur le lien ci-dessous :
http://www.youtube.com/watch?v=IVHYZbbNgvA


Suivez Tom Kingue sur Twitter : Tom K 
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Allofmejor sur Twitter !

mercredi 18 décembre 2013

Bref, je suis allée voir un match au Camp Nou ! by Anne-Claire

A part les amoureux du Real Madrid, qui ne rêve pas d’aller voir un match du FC Barcelone au Camp Nou? Un stade unique où respire le football, le vrai. Immersion au cœur d’un match où les passionnés du ballon rond et les fans de Neymar se sont réunis le temps d’une soirée : Barcelone-Villareal (2-1).


J’attendais ce moment depuis longtemps ! J’ai enfin assisté à un match du FC Barcelone au Camp Nou ! Traitez-moi de footix si vous le voulez, mais sachez que ma préférence pour le Barça n’est pas un hasard puisque "le jeu de la passe à 10" me rappelle les belles heures du FC Nantes dans les années 90. Eh oui, je suis nantaise avant tout ! La passion pour un club ne s’explique pas. Ma passion pour Fabregas non plus…
Je me retrouve donc en direction de la Catalogne pour assister à Barcelone-Villareal. Un match anodin me diriez-vous. Pas tant que ça, puisque le FC Barcelone devait à tout prix remporter la rencontre, s’il voulait continuer de faire la course en tête dans cette Liga plus indécise que jamais. Le sous-marin jaune, cinquième du championnat espagnol, avait les moyens de faire un grand coup à l’extérieur. Et sans Messi, le Barça est tout de même moins serein. Les enjeux étaient donc multiples pour les deux équipes.

Samedi 14 décembre 2013. Après une visite touristique de Barcelone, je m’apprête à passer ma soirée au Camp Nou. Il est 18h, quand mon frère et moi arrivons aux alentours du stade. A notre grande surprise, nous avons débarqué en même temps que le bus des joueurs du Barça. Je dois avouer que faire coucou à des vitres teintées est assez ridicule, mais bon tout est permis dans l’euphorie. Après l’ouverture des portes, nous arrivons à trouver nos places facilement, au dernier étage du stade, et la vue était magnifique. Les supporters arrivaient au fur et à mesure. Socios barcelonais, Anglais, Vénézuéliens, Français, Brésiliens…on aurait dit que le monde entier s’était réuni pour vivre cette soirée de football. D’ailleurs en parlant des Brésiliens, une forte communauté de supporters de l’Atlético Mineiro était présente au Camp Nou ce soir-là. Ils étaient de passage pour admirer les prouesses de Neymar avant d’aller au Maroc pour la Coupe du Monde des clubs champions. Les heureux détenteurs de billets profitent de l’entraînement des joueurs pour se prendre en photo dans le stade. J’étais installée au niveau du rond central et je pouvais apercevoir le couloir qui menait au terrain. Lorsque j’ai vu que les deux équipes étaient prêtes à rentrer sur la pelouse, j’avais hâte que l’un de mes moments préférés commence. Oui, je suis une fan incontestée de l’hymne du FC Barcelone ! Ce chant en catalan que reprend la foule me donne des frissons. La musique résonne alors dans tout le stade, les joueurs rentrent sur le terrain et nous reprenons tous en cœurs « Barça, Barça, Barça !!! ». Le match peut enfin commencer...  


"Ils savent à quel moment encourager les joueurs"

Pendant la rencontre, l’ambiance est assez bizarre. Les socios chantaient mais seulement pour quelques minutes. On se rend quand même compte que le public est un fin connaisseur. Les abonnés du stade, les vrais de vrais, écoutent le match à la radio. On les remarque avec leurs oreillettes. C’est assez drôle. Ils savent à quel moment encourager les joueurs. Chaque récupération de balle de la part du Barça est applaudie. La possession de balle est une culture ici. Les gestes techniques d’Iniesta, Fabregas, Xavi… sont également appréciés dans les tribunes. Et lorsque Neymar ouvre le score grâce à un pénalty transformé, on se dit que le plus dur est fait. D’ailleurs, il n’y pas de speaker pour annoncer le nom du buteur, ce qui est assez étrange. Seuls les écrans géants l’indiquent. Au retour de la mi-temps, Barcelone prend une douche froide avec l’égalisation de Villareal (1-1). Ça gueule dans les tribunes. Personne n’était au marquage sur le corner. La petite centaine de supporters de l’ancien club de Robert Pires, parqué tout en haut du stade, se fait alors entendre dans le Camp Nou. Entre temps, les supporters brésiliens de l’Atlético Mineiro, s’étaient rassemblés pour créer un mini kop. Ils n’arrêtaient pas de chanter et mettaient une bonne ambiance en haut des tribunes ! Malgré l’égalisation, les Barcelonais ont continué de supporter leur équipe. Je n’ai pas entendu beaucoup de sifflets, un grand changement par rapport à la Ligue 1 (et bim). Chaque sortie de joueurs barcelonais est ovationnée. Certains spectateurs se lèvent même pour saluer la prestation de certains. Neymar a été le sauveur de Barcelone puisque ce dernier a inscrit le deuxième but de son équipe. Un grand soulagement pour tous les supporters qui fêtaient ce doublé dans les tribunes. Le Brésilien a profité de son but pour saluer ses compatriotes venus en nombre. Je l’ai trouvé sympa ce petit coucou pour la tribune du haut. Les supporters ont alors entonné des « Neymar ! Neymar ! Neymar ! ». Il est devenu le nouvel héros du Camp Nou. D'ailleurs le dribbleur fantasque a tenté une nouvelle feinte sous mes yeux. Je l'ai nommé la technique de "l'homme fantôme", il a foncé tout droit dans un défenseur car il pensait pouvoir passer à travers ce dernier. Que nenni. Il a évidemment perdu la balle et son équilibre ! Bref, Barcelone n’a été tranquille qu’au coup de sifflet final. Le public s’est levé pour ovationner ses joueurs. Ces derniers ont salué leurs supporters venus en masse. J’ai profité d’un dernier instant pour contempler le stade avant de le quitter définitivement. Cette soirée restera gravée dans ma mémoire. Promis Cesc, je retournerais au Camp Nou.


PAR ANNE-CLAIRE GOURIN (journaliste Nantaise)
Suivez-la sur Twitter Anne-Claire Gourin

samedi 14 décembre 2013

BALLON D’OR : J’accuse…Bosman !

Ribéry, meskin !
C’est hyper amusant de lire des papiers anti-Ballon d’Or sur des sites qui se nourrissent de ce qui en en dépend. Lorsque les relais médiatico-footballistiques nous comparent Ibra à CR7 lorsque se joue un Suède-Portugal (la liste n’est pas exhaustive), on peut sereinement penser que c’est à cause d’eux que le foot est d’abord une question d’or. Il est donc logique que l’on puisse voter pour le meilleur joueur du monde dans un milieu aristocratique qui veut forcément un « aristos ». 

Ainsi, le Ballon d’Or est devenu la toile de fond d’hiver ou plutôt le fonds de commerce de la toile qui souhaite à tout prix hierarchiser diverses étoiles. La nouvelle tendance est de placer son petit tacle glacé aux grands décideurs de la FIFA and co. Le Ballon d’Or pour moi est une manière d’éviter les répétitions à tout va tout au long d'un papier traitant de Lionel Messi. En effet, au lieu de répéter "la Pulga" etc… Je peux successivement écrire le Ballon d’Or 2012, 2011 ou encore 2010 ah oui aussi 2009 (au pif en plus).

Ce bizarre ballon jaune existe depuis 1956. Sa récompense était réservée uniquement aux joueurs européens. Cependant de 1950 à 1970, le Brésil a régné sur le football comme jamais avec 4 finales de Coupe du Monde pour 3 victoires. Pourtant, les lauréats restaient européens…  Qu’est-ce que je raconte ? Je ne pense même pas avoir besoin d’être prolixe dans mon explication. La récompense France Football est biaisée depuis sa création et cela parce que Pelé et Maradona ne l’ont jamais gagné. (Je ne citerai pas Laurent Pokou mais je n’en pense pas moins).

Biaisé jusqu’à ce satané arrêt Bosman de 1995. Une décision rendue par la CJCE (ancienne Cour de Justice des Communautés Européennes) qui a permis d'une part aux joueurs en fin de contrat d'être définitivement libre, d'autre part aux clubs de compter dans leurs effectifs autant de ressortissants de l'Union Européenne qu'ils le souhaitent. La suite on la connait hein Arsène ! L’arrêt Bosman a donc ouvert les frontières du football à l’Europe puis au monde entier. Le monde du ballon rond s’est donc rendu à l’évidence : il est impossible de décerner un prix sérieux en occultant- en autre - le continent qui a produit les meilleurs joueurs de la planète depuis la naissance de ce sport. 

 "Dis lui merci Léo !"
« J’accuse Bosman de s’être fait connaître autrement que sur un terrain de foot.» 

On est passé d’une longue soirée incestueuse entre européens (1956-1995) à une ouverture mesurée vers la diaspora internationale. Mais depuis cinq ans, la cérémonie tourne autour de deux protagonistes : Messi et Ronaldo. Ils se disputent le prix de meilleur joueur dans une ambiance suspecte où partialité et favoritisme font bon ménage. Dur de lutter lorsqu’on s’appelle Frank Ribéry et que les critères d’attribution sont aussi équivoques que les lyrics de Queen Beyonce. #Watermelon ! L’article 3 des règles d'attribution stipule : « les distinctions sont accordées pour les performances sur le terrain et pour le comportement d’ensemble, que ce soit sur le terrain ou en dehors. » L’appréciation demeure au bon vouloir des sélectionneurs, des coéquipiers et des journalistes; autant dire que l’on peut se baser sur les prestations à l’échauffement, la diction en interview des joueurs et les retweets.  

Au début, c’était les journalistes (208) qui votaient. Bon, on peut naïvement se dire que ces derniers faisaient preuve d’objectivité et désignaient vraiment le meilleur joueur sans attache patriotique ou camaraderie de tout genre. Puis, ils se sont dit que c’était trop transparent, qu’il fallait mettre un peu plus de piment dans tout ça. Du coup, la FIFA copula avec France Football et nous pondit un œuf en or nommé « FIFA Ballon d’Or » avec comme parrain Lionnel Messi. Maintenant, on rentre dans le vice (et versa). On demande aussi aux sélectionneurs des pays membres de la FIFA (208), et aux 208 capitaines de ses sélections de voter pour le Ballon d’Or. Il est dorénavant utopique de trouver des critères justes et objectifs qui légitimeront l’existence de cette boule dorée. Naguère, c’était le palmarès, les trophées et la qualité du joueur qui  étaient mis en avant pour expliquer le couronnement du lauréat (Quid Owen en 2001, devant Oliver Kahn qui avait gagné la LDC). Il faut tout de même avouer qu’à la fin des années 90, le trophée avait de la gueule. On pouvait citer au moins 10 joueurs qui frôlaient l’excellence et qui méritaient de décrocher ce sésame. On aimait en débattre avec passion et non avec incohérence comme aujourd'hui. Le trophée est tombée en désuétude mais les organisateurs essaient toujours de nous le vendre comme l’Oscar du ballon rond. Foutaises !

Finir un papier style bashing sur le Ballon d’Or à la foot365 (pour citer ma source) par un sondage sur le Ballon d’Or c’est un peu comme critiquer une coupe du monde au Qatar et sortir « ouais non Paris ça reste Paris, c’est la capitale ! C’est différent quoi tu vois ». Mieux c’est un peu comme télécharger une application pour éviter le gaspillage d’argent après être passé du iPhone 5 au iPhone 5C. C’est peut-être ça le secret prendre cette comédie avec ironie. 

mercredi 20 novembre 2013

Nos Bleus victorieux !

Un peu plus (ou moins) d'euphories pour nos Bleus couillus
Qui, il y a peu, étaient insupportables, inconscients voire même énuques
La tempête qu'insuffle Victoire ne craint rien, elle ne s'arrête devant rien
Transformant l’animosité d’antan en liesse de joie au torse bombé.
Le terrain rengorge d'émotions pures, de sentiment primaires, d’une vulnérabilité certaine,
Un autre dirait que ces hommes sur le pré s'abandonnent à leur état naturel, à l'instinct !
C'est dire qu'il est ô combien difficile d'expliquer un regard, 
Un geste extirpé de ce champ de bataille des temps modernes,
Où les combats tantôt dramatiques tantôt épiques ornent l'histoire de toute une nation.
Au-delà du rond ballon, au-delà des débats d’éthique et de patriotisme
De savoir qui aime bien donc qui les châtie avec véhémence
Du commentaire illuminé de néophyte aux regrets avisés des anciens
Au-delà de toutes instrumentalisations, les Bleus nous ont tous fait plaisir....



Le môkô mon Vince...

mardi 12 novembre 2013

La banane


" Oh Paname Oh Paname,
C'est pour qui la banane ?
Je suis noir et j'ai la banane
C'est pour qui ma Banane ?

Les gens changent, les mots s'adaptent 
2013, le racisme version 2.0, nouvelle app
On aime le changement quand il est loin de nos affres
Ils espéraient tous Obama, expireraient même Ossama s'il pouvait éviter un Merah
Un miracle nommé Taubira, ma Obama préférée,
En pâtir seulement quand le mal est chez les autres
C'est pas nous c'est… les ritals les salauds,
Cécile K pourra "Otang" vous le confirmer,
Confiner dans nos cocons on crache sur la guenon
Bah quoi ! Nos figues viennent bien de chez elle, non ?
C'est pour qui la banane ?

Les choses changent, les gens s'adaptent
Eradiquer le racisme, j'y crois ap
Il est bien planté, implanté dans les têtes
Très tôt, et c'est l'heure de la révolte
Oups, pardon c'est l'heure de la récolte
Un V à la place du C et on parle de nègres
D'esclaves, de guerres, je digresse
République bananière, dit-on d'un Etat failli
Dire que les choses changent serait une infamie
Éclairez vos lanternes, qu'on voit votre âme
Souillée ou infâme, là où indifférence fleurie
On digresse, pourquoi parler de races s'il y en a qu'une seule ?
Disgrâce sur la France, à coup de bananes ?
Puis Buzz sur l’info et buzz sur ce fruit suivi d'un hashtag #bananehallal...
C'est comme ça qu'on joue avec l'histoire de nos jours 
Je suis noir et j'aime les bananes ! 
T'auras toujours un malin qui te traitera de singe
Avec ou sans banane en bouche, c'est même banal en douce
C'est pour qui la banane ?

Ma mère aurait pu s’appeler Christiane  
Insulte la et je ne te promets pas d'être "Greenpeace"
Insulte la et je te promets une éclipse 
Insulte la et je te "planète des singes" ton fils
Je ressens le malaise de Christiane dans les corridors de la Justice
Le combat continu n'est pas un bon son, mais un bain de sang continu 
Se battre non pas pour éradiquer mais pour mieux répondre pour faire comprendre
Pour désespérer nos agresseurs, pour les dégoûter…
Mieux répondre pour les honnir, les faire vomir  et pour s'emplir de fierté
Mieux répondre pour ne plus jamais à baisser la tête
A colporter ce sentiment de gêne devant plus coloré que soi
Dès qu'il est question de clichés édulcorés
Mieux répondre pour les faire se détester d'être ce qu'ils sont
Mieux répondre pour affirmer ce qu'on est…
C'est pour qui la peau de banane ?
C'est pour tous ceux qui singent la République !"

samedi 26 octobre 2013

KAAAAAAAAAARRIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIISSSS

Rappeur de Sevran, barbu, baraqué et noir. Kaaris est un phénomène lyrical et un excellent exemple de l’adrénaline musique. Etiqueté  « Gangsta RAP » pour ses lyrics crus et ses beats sombres, Kaaris n’est pas du tout un rappeur gangsta.

Michel Bampély, chroniqueur pour le Nouvel Obs a écrit que le Gangsta Rap parlait de « violence policière, de racisme et de drogue », j’ose penser que sa liste n’était pas exhaustive et qu’il est conscient que le Gangsta Rap c’est surtout «des meurtres futiles, des gangs, un milieu misogyne et homophobe » dans lequel les plus défavorisés vivaient et donc décrivaient. (http://leplus.nouvelobs.com/contribution/959497-kaaris-premier-sur-itunes-pourquoi-il-ne-peut-malgre-tout-pas-detroner-booba.html)
Gangsta Moderne ou Adrénaline music
"J'suis dans le fond du club, thug, viens nous, viens nous faire un hug" rappe Kaaris dans Ciroc un des sons de son album  « Or Noir », 1er sur Itunes. Kaaris c’est un flow saccadé décadent parfois hors tempo, une voix grave soutenue à outrance, des paroles brutes qui s'affranchissent des carcans classiques de la langue française. Un tout inadéquat pour du soit disant mal nommé "Gangsta Rap".
« La soirée ne fait qu's'embraser, tu veux déjà me quitter
Enfoiré tu viens pas m'embrasser, tu veux déjà me niquer »
(Ciroc)
Lorsqu’on écoute du Gangsta Rap, "Colors" de Ice T ou "Real Muthaphuckking G’s" d'Eazy E, on ressent un mal être et une fierté, une souffrance, une violence inextricable enracinée dans le quotidien du rappeur. C’est ainsi que je décrirai le gangsta rap des années 80. De plus, les instrus de l’époque installaient le trouble dans nos oreilles. Que le beat soit violent comme Straight outta Compton (NWA) ou lent comme Today was a Good day (Ice Cube), le style West Coast y était gravé.
Puis le Gangsta Rap a connu sa phase New Yorkaise puis Sudiste bref tout le monde peut aller sur google pour trouver les origines du Gangsta Rap. Tout cela pour dire qu’aujourd’hui on est dans une phase de Gangsta Moderne ce que j’appelle de l’Adrénaline Music. Sur un beat Trap/dévrivé Dirty Douth/ sauce Chopped and Screwed, les rappeurs nous offrent des métaphores grotesques, hyperboles hypertrophiées, et des comparaisons surréalistes. Au-delà de boire ces vers comme paroles d’évangile, on bouge sur le beat et lorsque l’adrénaline nous prend, on rappe ces mots que seuls eux comprennent.
Un univers sans Kaarisme
Paul Pogba ou encore Nicolas Anelka tous fans de la clé de bras de Kaaris.

 La recette que Kaaris est propre. Une instru trap donc, un refrain répétitif et simple à chanter, des gimmicks innovants et des punchlines coléreuses. La forme est reine dans le royaume du "Binks". Le fond apparait quelque fois en featuring sur quelques morceaux. En effet, sur ses 18 titres Kaaris a privilégié l’adrénaline. Des sons qui te donnent envie de faire de la musculation ou qui te font croire que lors d’une castagne trois contre un, tu as peut-être ta chance. Kaaris ressort en nous notre instinct primaire. Il y a clairement quelque chose de bestial dans son monde. Le talent de Kaaris se situe là, cette capacité à te faire devenir quelqu’un d’autre quand tu l’écoutes au premier ou au second degré. En écoutant Kaaris, on entre dans un univers muni de codes parfois difficile à cerner, des expressions ivoiro-sevranaises que seuls les initiés peuvent déceler et surtout on engrange de la détermination.
Kaaris n’a pas le charisme de Youssoupha. Epitomé de la street, on imagine mal Kaaris en feat avec Vitaa. C’est le mec « vrai » par excellence en tout cas pour l’instant. Celui qui a la bouche salement remplie de lyrics acérés, burlesques ou hardcores c’est selon. Pour comprendre la personne derrière le personnage il faut écouter ses morceaux plus personnels. « Paradis ou Enfer », « Plus rien » ou encore « Or Noir » nous laissent une sensation différente. Le MC ivoirien se révèle par à coup :
Moi j'n'ai jamais écouté l'prof, moi, j'n'ai jamais fait mes devoirs
Mama, et si la police me coffre, c'est que t'as eu un bébé noir
Et j'ai juré d'être hardcore, jusqu'à ma mort. (Or Noir)
En mode "je m’en bas les c*****"
Kaaris c’est aussi ça. Le "je m’en foutisme absolu". Sur des sujets politiques ou sociaux, il ne se dit pas décrire un paysage social donné. Il évoque juste ce que les gens qu’il côtoie vivent ici ou ailleurs. Ne comptez pas sur lui pour représenter une cause ou pour vous expliquer quelque chose « Je n’aime pas les gens qui rappent et qui m’expliquent des trucs, je préfère le lire ou regarder BFM». Capable d’écrire un texte sérieux, il n’hésite pourtant pas d’insérer quelques verbes acerbes pour pimenter le tout. « Quand je pars sur un truc conscient comme sur Paradis ou enfer ou bien Or noir, je peux m’amuser, c’est facile parce qu’il y a la métaphore, la figure de style… »
(Paradis ou Enfer)

Il évoque dans "Paradis ou Enfer" la guerre et la situation de son pays natal (Côte d’Ivoire). Le message de Kaaris n’est pas l’apologie de la violence mais plutôt les méandres ou conséquences de celle-ci. Le fameux cercle vicieux de la paupérisation sociale. Son message est agressif dans la forme et au fond il est conforme aux maux d’une jeunesse qui n’a jamais goûté aux mots doux. Hardcore, cauteleux, sanguin, il se veut produit de son milieu.  « Malhonnête mais pieux », il décrit ses tribulations, ses erreurs, ses sacrifices, le paradoxe de vivre dans la foi en tant que pêcheur. Non, Kaaris n’exhorte pas vos enfants à mettre leur gros doigt de pied dans le vagin de leur copine. Au contraire, il nous donne une image primaire de l’homme donc de ce qu'il ne faut pas faire selon la bienséance. Une image je dis bien une image...
Ton cadavre derrière quelques plots
Le sang est plus épais que l'eau
Armés comme à l'époque du Clos
Les singes viennent de sortir du zoo
(Zoo)

Cet album de Kaaris est une réussite dans le genre Adrénaline Music. On y trouve aussi des balades Hardcore et quelques sons consciencieux. Protégé de Booba ou pas, le rappeur certifié Or Noir est l’une des surprises du paysage urbain de cette année. De Kalash à ZOO, en faisant « Clic clic » à tout bout de champs, Kaaris a les mots pour électro-choquer une jeunesse en manque d’énergie.

Oooooooooorrrrhhhhh !

Sources:
Nouvel Obs "Kaaris, premier sur iTunes : pourquoi il ne peut malgré tout pas détrôner Booba"